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Cyril Dumoulin: "il va falloir traduire notre beau handball en points"

Par Justin Boche

Le gardien de but du Fenix Toulouse et de l'équipe de France de handball était l'invité exceptionnel de Judith Soula pour un entretien confidence dans Sud Radio Sport. Ses objectifs, son ambition, sa relation avec son entraîneur Philippe Gardent, l'équipe de France, il n'a évité aucune question. Interview confession en intégralité.

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Vous êtes champion du monde et d'Europe. Finalement vous avez bien fait de quitter le football ?Je crois qu'il n'y a pas photo. Mais je ne regrette rien par rapport à ce que je vis sur le terrain et en dehors. Ce qui m’a arrêté dans le football et ce qui m'a attiré vers le handball c'est cet esprit d'équipe, cette camaraderie que j'ai encore la chance de connaître aujourd'hui même si je suis au plus haut niveau d'exigence. Il vous arrive parfois de regarder le chemin parcouru depuis le centre de formation de Chambéry ? Oui c'est le genre de choses que l'on fait régulièrement. Principalement quand ça va un peu moins bien. Se rappeler tout ce que l'on a vécu donne le sourire. On a tous des parcours différents, mais on a aussi tous eu de belles rencontres, des moments forts. Ça fait souvent du bien de s'en rappeler pour repartir de l'avant. C'est quoi pour vous ces belles rencontres ? C'est avant tout des rencontres de partenaires. J'ai eu la chance de côtoyer de nombreuses personnes extraordinaires. Aujourd'hui, les personnes que j'ai rencontrées en sport-étude et en centre déformation sont mes plus proches amis. Ce sont mes témoins de mariage, ce qui montre tout ce que l'on peut vivre dans ce sport. Mais il y a eu aussi des rencontres d'entraîneurs. De mecs qui ont su me prendre et qui m'ont apporté beaucoup pour vivre aujourd'hui ce que je vis. Philippe Gardent a beaucoup compté pour vous ? Il fait partie de ceux qui ont compté. C'est avec lui que j'ai commencé en D1, que j'ai eu du temps de jeu et que j'ai grandi. C'est avec lui que j'ai connu mes premières sélections en équipe de France. J’ai été sous ses ordres pendant presque 12 ans. C'est énorme sur une carrière qui en compte presque 15. Quand j'ai su qu'il venait à Toulouse, ça m’a fait sourire parce que l'on a vécu beaucoup de choses ensemble et parce qu'il me connaît très bien. C'est vraiment avec plaisir que l'on travaille ensemble. Quelles sont vos relations ? C'est un peu plus que coach/joueur ou c'est resté très professionnel ? Ça reste très professionnel parce que le métier l'impose, mais c'est vrai que l'on se connaît plus que la normale. On échange plus facilement parce que l'on se connaît presque par cœur. On sait comment l'autre va réagir et c'est un petit avantage dans les moments de pression. 14 saisons à Chambéry. Vous avez décidé de rejoindre Toulouse il y a deux ans. Vous avez eu le sentiment de vous mettre en danger en venant à Toulouse ? C'était un objectif aussi. Après 14 ans à Chambéry j'étais dans mon cocon. Je connaissais tout le monde et tous les rouages du club. J'étais peut-être un peu dans le confort et il fallait que je me mette en danger. C'est pour ça que ça a peut-être été un peu difficile au début ici. J'ai commencé à Chambéry à 18 ans donc c'était un peu l'ado qui part de la maison et qui avait besoin de voler de ses propres ailes. Mais c'était quelque chose de très constructif qui a permis d'en apprendre plus sur moi-même. Les résultats ont été compliqués. Vous avez regretté un moment ce choix ? Non parce que je suis venu ici pour vivre des choses différentes. Après j'ai aussi vécu des saisons compliquées à Chambéry. Après nous sommes dans un club qui se construit et qui cherche à grandir pour aller cherche l'Europe. J'ai accepté ce projet en venant. Votre victoire à Montpellier peut-elle enfin lancer la saison du Fenix ? On l'espère sincèrement parce que cette victoire est un peu tout ce qui nous manquait depuis le début de saison. On a fait pas mal de défaites ou de matchs nuls qui se sont joués à un rien dans le money time. Jusque là, ça a toujours tourné en faveur de notre adversaire. Il fallait dépasser ça. Mais le faire à Montpellier qui est une très grosse équipe et le rival régional c'est tout un symbole. Ça veut dire que l'on avance, mais surtout que l'on n'a pas lâché. On jouait bien depuis le début de la saison on n'a rien lâché et aujourd'hui on est récompensé.C'était vraiment ce manque de maîtrise dans les 5 dernières minutes qui explique votre saison ?Souvent ça a été ça. Mais c'est aussi qu'on a parfois manqué l'occasion de se mettre à l’abri avant pour ne pas s'exposer à ce genre de situation. Mais il faut reconnaître que c'est dans ces moments ou on a perdu des matchs. Il va falloir confirmer demain soir face à Tremblay ?Oui parce que c'est un adversaire direct pour le maintien. C'est un match que l'on avait ciblé depuis quelques semaines. Les vaincre nous permettrait de prendre une sérieuse option sur le maintien. Ça relâcherait un peu la pression même si la saison est encore longue. Dans vos têtes vous jouez le maintien ? Oui parce que l'on n'est pas encore à l'abri. On est à 4 points de Tremblay ce qui est beaucoup et peu à la fois. Les mettre à 6 points serait intéressant pour regarder plus haut Mais ce n'est pas la place du Fenix d'être à la 11e place ?On a le sentiment que l'on mérite mieux. Je pense que l'on a montré sur le terrain un niveau de jeu qui n'est pas conforme à notre classement. Maintenant, il va falloir traduire ce beau handball en points. On sait l'ambition du Fenix à travers son président. À long terme vous pensez pouvoir joueur les premiers rôles ? Même peut-être cette année ? Il va falloir remonter au classement, mais le championnat est extrêmement serré. Il suffit d'enchaîner 3 ou 4 victoires d'affilée pour vraiment remonter au classement. On a les moyens et les capacités maintenant il va falloir le faire. Face au PSG vous avez rivalisé presque trois quarts d'heure. Pensez-vous que le club parisien joue dans une autre catégorie ?Sincèrement oui. Au bout de trois quarts d'heure on était asphyxiés alors qu’eu on mit un coup d'accélérateur. C'est là que l'on voit la différence de niveau. Ils ont une capacité à dominer. C'est un véritable rouleau compresseur. Sans faire injure à personne, je pense aujourd'hui que Paris est au-dessus du lot. Ils ont aussi Nikola Karabatic qui est vraiment le mec le plus complet que je n'ai jamais vu sur un terrain. Il est extraordinaire. Pour l'avoir côtoyé et avoir vécu de superbes aventures avec lui, c'est quelqu'un d'aussi fort physiquement que techniquement et mentalement. À lui tout seul, il peut changer une équipe. Et c'est la première raison qui me fait penser que Paris peut gagner la Ligue des champions. C'est un cauchemar Nikola Karabatic quand on est gardien ? Oui et encore plus quand on est défenseur. Mais aussi quand on est attaquant parce que c'est un des meilleurs défenseurs du monde. C'est un cauchemar pour beaucoup de monde. En début de saison vous avez été poussé sur le banc par votre coéquipier Wesley Pardin. Avez-vous eu peut de perdre votre place en équipe de France ? Sincèrement oui. J'en ai douté quand j'ai vu la liste pour la Golden League ou je n'y étais pas. J'ai eu le sélectionneur qui m'a rassuré, mais m'a fait comprendre que je devais tout faire pour revenir. Heureusement pour moi ça a tourné après. J’ai eu la chance de joueur un peu contre Nantes. Derrière le coach a eu confiance en moi et m'a fait jouer. Comment vivez-vous cette concurrence quotidienne à Toulouse ? Avec Wesley on a une relation particulière parce que je n'ai jamais eu une relation aussi proche avec un concurrent. On a beaucoup de sincérité entre nous. Il m'a soutenu dans les périodes difficiles. Et aujourd'hui, je joue plus et c'est moi qui le soutiens. C'est rare d'avoir une relation comme ça. Mais on met l'équipe avant nos propres intérêts. C'est aussi pour ça que l'on a une des meilleures paires du championnat. En équipe de France, vous vivez la même chose avec Thierry Omeyer. Comment vivez-vous avec lui ? C'est compliqué et vraiment simple à la fois. C'est compliqué parce que l'on a vraiment moins de temps de jeu. Titi est omniprésent. Mais c'est simple parce qu'il est toujours aussi bon. Quand on le voit jouer à son âge, on se dit que le temps n'a pas de prise sur lui. On apprend en le voyant, en échangeant avec lui. Il m'a beaucoup apporté. Pour vous le prochain Euro est un objectif ? Oui clairement. Pour avoir vécu deux compétitions avec l'équipe de France, c'est quelque chose de monstrueux. Quand on a goûté à une, on en veut plus. Et cet été, il y a les JO donc cet Euro est une sélection. Il est important de marquer des points, mais surtout c'est une compétition où il faut que l'on défende notre titre. Vous vous situez où aujourd'hui ? Vous avez repris un peu d'avance sur vos concurrents ? Oui c'est tout à fait ça. J'ai marqué des points face à mon concurrent direct. Donc je suis dans de meilleures dispositions par rapport à il y a deux mois. La force de l'équipe de France c'est sa continuité ?Il y a un système mis en place par Claude Onesta qui est très efficace. On intègre des jeunes au fur et à mesure. Ça paraît anodin, mais c'est important. Personnellement, j'ai vécu 5 ans avec l'équipe de France sans jouer de complétions. Mais le jour ou j'ai dû jouer, je connaissais l'équipe et les joueurs par cœur. Donc ça s'est fait naturellement. Pourquoi écrivez-vous des livres sur vos saisons de handballeurs ? Est-ce une volonté d'exorciser votre travail ?C'est d'abord une volonté de partager ce que je vis. On a la chance de vivre un métier hors-norme, mais qui est très méconnu. C'est une façon de lever le voile et une façon de montrer ce que l'on fait en amont et en aval des matchs. Parce que le match n'est que la partie émergée de l'iceberg. Qu'est-ce qui est le plus fort chez vous : l'amour de la victoire ou la haine de la défaite ? Je suis un amoureux de la victoire, mais la haine de la défaite me marque plus. Vous avez été 7 fois vice-champion de France avec Chambéry. Comment on vit d'échouer si près du but ? Un titre de champion de France récompense 10 mois de travail. Être autant de fois vice champion c'est une frustration. Même s'il y a la fierté d'avoir été en situation de gagner. Ce que toutes les équipes ne connaissent pas. Mais le jour où ça basculait, il y avait encore plus de plaisir. Dans votre livre vous dites que vous êtes un perfectionniste, mais aussi que vous êtes un éternel insatisfait. Aujourd'hui quels sont vos axes d’améliorations ? Il y en a énormément. Je cherche la perfection, mais elle est inatteignable. Je ne pense pas avoir un talent exceptionnel, mais j'ai compensé beaucoup de choses avec le travail. Je suis plus un besogneux qu'un talentueux. Physiquement et mentalement j'ai des choses à améliorer. Il y a énormément de domaines à améliorer. Vous avez signé pour deux saisons à Toulouse. Allez-vous prolonger votre aventure ? Je ne sais pas encore. Nous sommes à la moitié de la saison. On a besoin de plus de visibilité sur la suite que ce soit moi ou les dirigeants. On se posera la question le moment venu. L'objectif pour vous c'est Rio ?Oui forcément c'est le rêve de tout sportif. Je travaille pour y être parce que je n'avais pas été pris pour ceux de Londres alors que j'avais fait toute la préparation. C'est mon pire souvenir de handball.

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