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Top 14: pour les buteurs, l'heure de garder son sang-froid dans les moments chauds

Habitués à porter le sort d'un match au bout du pied, les buteurs ont parfois la responsabilité de faire basculer le cours d'une saison en se présentant face aux perches: un exercice chargé de pression, qui en attend certains à l'aube des phases finales.

Miguel MEDINA - AFP

Habitués à porter le sort d'un match au bout du pied, les buteurs ont parfois la responsabilité de faire basculer le cours d'une saison en se présentant face aux perches: un exercice chargé de pression, qui en attend certains à l'aube des phases finales.

Il y a des larmes de joie, comme celles du Toulousain Thomas Ramos après avoir réussi, après la sirène, la pénalité de la victoire en quarts de finale de Champions Cup contre Toulon (21-18) en avril, éclipsant ses échecs précédents durant le match.

Mais il y a aussi les larmes de peine. Le Bayonnais Joris Segonds s'en souviendra-t-il s'il est amené à tirer un coup de pied décisif avec son club contre Clermont vendredi, en barrage?

Il y a un peu moins d'un an, le botteur, arrivé chez les Basques en début de saison, avait manqué la transformation pour permettre à son club d'alors, le Stade français, d'arracher une prolongation contre l'Union Bordeaux-Bègles en demi-finales.

- "vider la tête" -

"J'ai forcément été très déçu de finir sur un échec et de faire perdre l'équipe, (...) je l'ai pris pour moi. Après, comme les gars l'ont dit, c'est la loi du buteur. (...) Après la demi-finale, je ne voulais plus entendre parler du rugby pendant au moins un mois", avait-il raconté en début de saison à l'hebdomadaire spécialisé Midi Olympique.

Les buteurs sont particulièrement exposés lors des matches couperet : les équipes préfèrent souvent sécuriser les points au pied plutôt que tenter de marquer des essais, à l'opposé de certains choix plus offensifs en saison régulière.

"On nous dit que peu importe le coup de pied, il est aussi important qu'un autre. Justement, quand c'est des coups de pieds importants, on te dit plutôt de te vider un peu la tête et de penser à un coup de pied qui est moins important que ce qu'il semble être", a raconté le buteur de Castres Louis Le Brun en conférence de presse en mai.

Le demi d'ouverture de Bayonne Joris Segonds tape une pénalité contre Vannes en Top 14, le 17 mai 2025

Le demi d'ouverture de Bayonne Joris Segonds tape une pénalité contre Vannes en Top 14, le 17 mai 2025

Gaizka IROZ - AFP

"Tu arrives plus facilement à le faire si tu en as déjà tapé 10, 15. Mais je pense que la saveur est tout le temps la même et que c'est toujours un peu de pression", estime le demi d'ouverture. "On aime ça. Si on n'aime pas ça, on ne peut pas le faire."

Savoir composer avec ces instants décisifs serait donc un impératif pour tout buteur qui se respecte?

"Je pense que toute vie de buteur passe par là, j'en ai loupé des importantes, j'en ai mis des importantes aussi, on travaille toute la semaine pour ça", estimait mi-avril le N.10 du Stade français Louis Carbonel. "J'aime bien ce travail parce que c'est quelque chose qui te fait grandir en tant qu'homme", poursuivait-il.

- "Repères" -

Pour chasser la tension qui peut descendre des travées du stade lorsque le tee arrive sur la pelouse à un moment crucial, la clé est de ne "pas changer ses repères, pas changer ses pas, pas changer la façon qu'on a de buter", explique à l'AFP Lina Queyroi, buteuse du Stade Toulousain.

Le demi d'ouverture de Castres Louis Le Brun tape une pénalité en Top 14 contre Clermont, le 24 mai 2025

Le demi d'ouverture de Castres Louis Le Brun tape une pénalité en Top 14 contre Clermont, le 24 mai 2025

Matthieu RONDEL - AFP

Pour se mettre en condition, elle s'entraîne parfois avec Romain Teulet, meilleur buteur de l'histoire du championnat de France élite (Top 14 et Top 16). "Pendant que je fais mes séances avec lui, il me met des challenges, il me dit que c'est la dernière pénalité du match, la pénalité de la gagne, il me donne des scénarios de match où il faut que je la mette", souligne-t-elle.

D'autres ont aussi montré cette saison qu'ils aimaient prendre leurs responsabilités dans l'urgence, remettant au goût du jour le drop-goal.

Segonds ou l'ouvreur rochelais Antoine Hastoy l'ont fait récemment en championnat, alors que Montauban, qui débarquera en Top 14 la saison prochaine, en a fait sa marque de fabrique avec son artilleur maison Jérôme Bosviel, et ses dix drops inscrits cette année.

Par Florian SOENEN et François BENEYTOU / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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