Emmanuel Macron a annoncé qu’il s’exprimera aux Français à 20 heures dimanche 14 juin 2020 au soir. Valérie Rabault, députée PS du Tarn-et-Garonne et présidente du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, espère que dans son discours il parlera de la situation économique, car, "ce qu’on voit aujourd’hui, c’est qu’il y a une non-reprise de l’activité économique, en tout cas pas suffisamment pour faire en sorte qu’on ne plonge pas comme ce qui a été annoncé".
"C’est la France où ce commerce a le plus chuté pendant la période"
Elle rappelle que Bercy s’attend à une chute du PIB pour la France de 11% : "une baisse de 11% de l’activité, ça veut dire qu’il y a 250 milliards d’activité en moins pour 2020". "C’est monstrueux." Par ailleurs, la Commission européenne a publié une étude sur le commerce de détail et la chute de la consommation pendant le confinement et la crise sanitaire : "sur les 27 pays, c’est la France où ce commerce a le plus chuté durant la période, de -30%". "Cette question-là doit être posée", juge la présidente du groupe socialiste à l’Assemblée nationale.
"Aujourd’hui le gouvernement fait des plans sectoriels, ce qu’il faut c’est une vision d’ensemble", estime Valérie Rabault. Elle fait une analogie avec les travaux dans une maison : "si vous réparez des petits bouts chez vous et que vous n’avez pas une vue d’ensemble, il y a un moment donné où ça ne fonctionne pas."
"Il y a des écoles rurales qui sont très grandes, donc vous avez de la place dans les classes"
Toujours concernant les potentiels sujets abordés par Emmanuel Macron, Valérie Rabault estime que "le deuxième sujet c’est l’école", car de nombreux Français se posent des questions. "Quand votre enfant ne peut aller qu’une journée par semaine à l’école, ça pose des questions." Pour elle, "la reprise qui a eu lieu, c’était pour amorcer la rentrée de septembre" et savoir notamment si l’école était compatible avec les mesures sanitaires.
"Il y a des écoles rurales qui sont très grandes, donc vous avez de la place dans les classes", estime la députée qui critique la limite arbitraire de 15 élèves par classe. "Je pense qu’il faut un peu de pragmatisme." Sur la gestion du confinement, la députée refuse de dire qu’elle a été mauvaise, mais concède que "ce doit être évolutif". "Vous ne pouvez pas aller dans les terrasses des restaurants ou dans les restaurants, et dire que vous avez, même dans de grandes classes, pas plus de 15 élèves."
"L’économie française repose beaucoup sur notre capacité à consommer"
En troisième sujet, le président de la République devrait, pour Valérie Rabault, parler de la relance économique qui va passer par la consommation : "l’économie française repose beaucoup sur notre capacité à consommer". "Si cette consommation ne fonctionne pas, l’économie ne repart pas."
Les socialistes ont présenté mardi 9 juin 2020 un "plan de rebond" qui s’articule sur deux axes : "un soutien pour les vacances, un soutien pour le tourisme, on a proposé un chèque entre 300 et 700 euros" et "la prime climat".
"Le gros du gros des émissions de CO2, c’est le logement"
"On a 7 millions de passoires thermiques", rappelle la députée qui signale aussi que les subventions qui existent ne sont pas forcément une bonne solution. "Si vous ne pouvez pas payer les 70% du montant restant, vous ne faites rien". Valérie Rabault propose donc de maintenir les subventions et de faire "une avance remboursable" ce qui est "gagnant-gagnant" : "gagnant socialement, vous faites baisser la facture énergétique des ménages, gagnant économiquement, vous relancez le bâtiment, et gagnant écologiquement, parce que vous baissez les émissions de CO2".
Si le confinement a montré une baisse des émissions de CO2, cette dernière n’a pas été "du tout de l’ampleur qui aurait pu être attendue de la baisse de l’activité". Une différence qui s’explique, selon la députée PS du Tarn-et-Garonne, par le fait que "le gros du gros des émissions de CO2 c’est le logement". "Tant qu’on ne s’attaquera pas à ce problème, on ne baissera pas drastiquement les émissions de CO2."
Pour elle, le gouvernement n’a fait aucune annonce sur la consommation alors qu’il s’agit d’un "moteur de l’économie". "Si vous le laissez éteint, on ne redressera pas la barre économiquement et socialement."
"Nous réclamons depuis le départ qu’il y ait le retour de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) "
Le gouvernement a annoncé divers plans d’aide pour des dizaines de milliards d’euros. De plus en plus de spécialistes et de citoyens se posent toutefois la question de savoir qui, au final, paiera la facture. "À ce stade, le gouvernement a décidé de tout faire reposer sur la dette", explique la députée. "Je n’y suis pas favorable", confie-t-elle avant de demander que soit organisée une "conférence du financement de cette reprise économique". "On ne peut pas tout faire reposer sur la dette, ce n’est pas possible."
Parmi les pistes avancées pour financer les mesures, Valérie Rabault précise que "nous, nous réclamons depuis le départ qu’il y ait le retour de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF)". "Il est évident qu’il faut qu’il y ait une contribution des revenus les plus importants."
Or, "le gouvernement a fait le choix de tout faire reposer sur la dette". "C’est un pari très risqué", juge Valérie Rabault.
"À chaque fois qu’il y a un dérapage, d’où qu’il vienne, il doit être condamné très fortement"
Les rassemblements contre les violences policières se poursuivent partout dans le monde, y compris en France. "Je pense qu’on est en train d’importer en France un débat qui est très violent très douloureux aux États-Unis." "Je suis gênée avec ça, le fait qu’on importe le débat", confie Valérie Rabault. Naturellement, "le racisme est épouvantable", juge-t-elle, mais elle préférerait que le débat ne soit pas importé : "je ne dirais pas qu’il ne nous concerne pas, mais ce n’est pas tout à fait notre histoire".
Néanmoins, au sein de la République, "à chaque fois qu’il y a un dérapage, d’où qu’il vienne, il doit être condamné très fortement", estime la députée. Surtout si le dérapage vient d’une institution qui "incarne la République" : dans ce cas "on doit être exemplaire". "Les principes de la Révolution n’ont pas bougé." Pour elle, l’universalisme de la République "ça marche" bien qu’il y ait "des cas où il y a des dérapages". "Mais ça ne veut pas dire que cet universalisme n’existe pas."
"Je ne suis pas pour une société racisée", déclare Valérie Rabault qui réfute toute critique faite à la discrimination positive. "Ce n’est pas de la discrimination positive", prenant en exemple la question des CV anonymes. "Vous dites : s’il y a un processus qui ne donne pas ses chances à tout le monde, on le corrige."
"Je n’utilise pas le terme de violences policières"
Les députés du Parti socialiste ont demandé que soit créée une Commission "qui vise à faire un bilan sur toutes les formes de racisme et voir si les réponses y sont rapportées". Une Commission qui n’est pas directement liée à la question des violences policières. "Je n’utilise pas le terme de violences policières", déclare Valérie Rabault. "Il y a des cas, comme dans toute société, comme dans toute institution, qui doivent être corrigés."
Le problème est que "quand l’institution représente l’ordre républicain, elle est mise sous le feu des projecteurs, là il doit y avoir des réponses en son sein". "Mais vouloir jeter l’opprobre sur toute une institution parce qu’il y a des cas et qui existent, comme partout, je pense que c’est dangereux."
"L’exemple doit être montré à la tête de l’État"
Concernant la supposée rupture de confiance entre les citoyens et la police, Valérie Rabault estime que c’est faux. "Vous savez, moi je me souviens des policiers en 2015 quand il y a eu les attentats, on les a tous applaudis." "Ce qui est sûr, c’est que l’exemple doit être montré à la tête de l’État : avoir des principes qui sont très clairs, avoir le respect de la justice, et les faire appliquer et ne pas changer de position au gré du vent." "Là, ce n’est pas tout à fait le cas."
Christophe Castaner a annoncé que la technique de l’étranglement serait désormais interdite lors des interpellations, mais que les policiers pourraient utiliser à nouveau les tasers. "Ce qui semblerait le plus efficace, c’est les caméras-piétons", estime la députée du Tarn-et-Garonne. Pour elle, "à ce stade elles n’ont pas été généralisées pour des raisons de coûts".
L’école, "il ne faut pas que ce soit open-bar"
Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation, a annoncé des sanctions pour les quelques 40.000 professeurs qui auraient eux aussi décroché durant le confinement. Pour Valérie Rabault, "le ministre de l’Éducation nationale est responsable de cette situation". L’école, "il ne faut pas que ce soit open-bar". "Qu’ils reprécisent le fonctionnement", demande la députée.
Elle rappelle que les professeurs "ont dû se débrouiller" : problèmes informatiques, système D… "c’est le rôle de l’institution de donner les moyens aux professeurs de pouvoir exercer". La députée rappelle les chiffres et les met en perspective : "l’Éducation nationale, ce sont près d’un million de fonctionnaires, là vous me parlez de 40.000, on est à 4% donc ce n’est pas tout à fait la majorité des professeurs". "Vouloir jeter l’opprobre, je trouve que ce n’est pas très correct."
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