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V. Richez-Lerouge : "Avant, on regardait ceux qui mangeaient bio comme des ayatollahs"

Par Mathieu D'Hondt

Véronique Richez-Lerouge, auteure de l'ouvrage "Le manifeste du bien manger" (aux éditions Eric Bonnier), était ce mardi l'invitée de Patrick Roger dans le Grand Matin Sud Radio.

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"La civilisation se joue dans l'assiette", tel est le sous-titre du livre intitulé "Le manifeste du bien manger", que son auteure Véronique Richez-Lerouge est venue nous présenter ce mardi dans le Grand Matin Sud Radio.

"Pendant les 'Trente glorieuses', on était dans une période angéliste, on ne se posait pas de questions"

On le voit dans les rayons des supermarchés et on le perçoit également dans les changements d'attitudes alimentaires des Français, nous sommes à un tournant en ce qui concerne notre rapport à la nourriture. La protection et la promotion des "bons produits" semblent peu à peu s'imposer comme une évidence, après quasiment un demi-siècle d'explosion de la cuisine industrielle.

C'est à partir de ce postulat que Véronique Richez-Lerouge a rédigé ce manifeste qu'elle nous détaille pour Sud Radio. "C'est un livre qui brosse un tableau général sur l'évolution de la gastronomie française et de la gastronomie en général", explique-t-elle dans un premier temps, avant d'ajouter que "dans les années 60, pendant les 'trente glorieuses', nous n'avions pas cette notion anxiogène que l'on peut avoir aujourd'hui". "À cette époque, les produits nous étaient fournis par tous les grands magasins qui fleurissaient, les grands cuisiniers commençaient à se faire connaître, on était dans une période angéliste d'une certaine manière, on ne se posait pas de questions. Les gens étaient heureux de manger ce qu'ils trouvaient et en même temps, il y avait déjà l'agriculture intensive qui se développait et qui commençait déjà à empoisonner les sols mais on n'en parlait pas parce qu'on ne le savait pas", précise-t-elle.

"Puis, sont arrivées les premières crises sanitaires que je décris et, à ce moment-là, il y a eu une prise de conscience mais qui ne s'est pas faite tout de suite. Au début, il y avait les gens qui mangeaient bio et que l'on regardait un peu comme des espèces d'ayatollahs, à la fois un peu extrémistes, romantiques et rigolos. Et puis finalement, de fil en aiguille, on voit bien que le bio s'est installé et que les gens sont de plus en plus amenés à consommer des produits bio chaque année. On le voit bien dans les chiffres, c'est devenu un vrai marché", poursuit-elle, insistant sur "le côté renversement du système".

"Il y a eu toute cette démarche de prise de conscience des consommateurs sous l'effet des médias, parce qu'il y eu beaucoup de documentaires. On n'a jamais vu autant de documentaires et de magazines parler des problèmes de nourriture, depuis les années 2000", explique-t-elle par ailleurs, soulignant que "les gens s'inquiètent" quant au contenu de leurs assiettes. "Je remarque que l'on interdit encore souvent de parler de ces sujets. Quand on est dans un restaurant gastronomique, il faut d'un seul coup s'asseoir et faire confiance au chef. Moi, je dis non ! Je dis qu'il faut poser des questions, qu'il faut regarder ce qu'il y a sur la carte et ne pas hésiter à interpeller gentiment. Il ne s'agit pas d'agresser mais de le faire en toute conscience parce que pour être bien dans sa peau et pour savoir ce que l'on mange, il faut rentrer dans une espèce de 'gastroconscience' : bien manger mais faire attention", conclut-elle.

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