A 19H45 précises, l'heure de l'attentat, et pendant quinze longues minutes, toutes les églises de la capitale alsacienne et des communes avoisinantes feront tinter leurs clochers.
Quant aux Strasbourgeois, la ville les invite à mettre des bougies à leurs fenêtres.
Mais la 450e édition du marché de Noël qui bat son plein dans le centre historique ne sera pas interrompue, manière selon le maire (PS) Roland Ries d'affirmer la "résistance" et la "résilience" de sa ville.
A l'adresse des victimes, blessées dans leur chair ou traumatisées par l'attentat, et des familles de victimes, plusieurs rencontres sont organisées, dont certaines en présence du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner qui représente le gouvernement.
Elles devaient débuter dans l'intimité à 14H00 autour du maire de Strasbourg puis se poursuivre à 15H00 avec l'inauguration d'une stèle commémorative et la plantation d'un "arbre de vie", place de la République, non loin du centre historique.
Christophe Castaner rencontrera à son tour les victimes à 16H00, à huis clos, avant de décorer de la Légion d'honneur et de l'Ordre du mérite sept des policiers intervenus lors de ces événements puis la Médaille de la sécurité intérieure 55 autres intervenants, policiers, gendarmes, militaires ou secouristes.
Le temps fort de ces commémorations sera un hommage œcuménique et multiculturel rendu dans la soirée en la cathédrale de Strasbourg aux victimes avec une succession de chants arabo-andalous, hébreux ou bouddhistes, de lectures et de prises de parole.
- Diversité -
Une manière de saluer, dans leur diversité, la mémoire des cinq hommes tués dans l'attentat, un retraité strasbourgeois, un touriste thaïlandais, un garagiste d'origine afghane, un journaliste italien et une figure de la vie culturelle et associative locale d'origine polonaise.
Associées à la préparation de cette journée particulière, les familles ont voulu des commémorations "sobres, recueillies et fraternelles", a souligné Chantal Cutajar, adjointe au maire.
Parallèlement, une dizaine de personnes a participé à la mi-journée à un "déambulation citoyenne" dans les rues où ont eu lieu les attaques, avec lectures de poèmes, chants et déploiement d'un grand drap noir afin de rendre hommage aux victimes, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Le travail d'aujourd'hui, c'est de reconnaître où en étaient les gens qui ont été fauchés, savoir qu'ils pleuraient, qu'ils saignaient, qu'ils espéraient comme nous", a commenté le psychiatre strasbourgeois Georges Federmann, regrettant qu'aucune cérémonie officielle ne soit organisée sur les lieux où sont tombées les victimes.
Le 11 décembre 2018, Chérif Chekatt, 29 ans, avait tué cinq personnes et en avait blessé une dizaine d'autres dans le centre historique de Strasbourg, armé d'un couteau et d'un revolver.
Après deux jours de traque et d'angoisse pour les Strasbourgeois, il avait été abattu par une patrouille de police.
Délinquant multirécidiviste fiché pour radicalisation islamiste, Chérif Chekatt avait prêté allégeance à l'organisation jihadiste Etat islamique (EI). Il avait échappé le matin même de l'attaque à un coup de filet dans une affaire de vol à main armée.
Depuis l'attentat, cinq personnes ont été mises en examen, soupçonnées d'être liées à la fourniture des armes en possession du tueur.
L'enquête sur ce volet du dossier se poursuit. Deux hommes de 29 ans, interpellés début septembre dans l'Est de la France par des policiers de la sous-direction antiterroriste (Sdat), ont été placés en garde à vue, puis libéré sans faire l'objet de poursuites.
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