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Tigrane Yegavian : "il y a un repli confessionnel qui est dramatique"

Par La Rédaction

Le journaliste Tigrane Yegavian, auteur du livre "Minorités d’Orient" (éditions du Rocher) était l’invité d’André Bercoff, mardi 10 décembre sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Tigrane Yegavian invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Journaliste spécialiste du monde arabe et du Moyen-Orient, Tigrane Yegavian voit une nouvelle forme d'islamisation. "Dans ces pays, jadis des mosaïques, où cohabitaient chrétiens, musulmans ou juifs, l’islamisme tel qu’on le vit est un islamisme d’importation", note l'auteur du livre Minorités d'Orient. Un islamisme qui prend source en "Arabie Saoudite qui exporte cette idéologie rétrograde de l'islam, le wahhabisme, grâce aux pétrodollars", affirme le journaliste. "Les musulmans sont aussi victimes de cette idéologie rétrograde, car ils ne peuvent pas la combattre à arme égale", souligne-t-il. Tigrane Yegavian note "un glissement qui s'opère depuis les années 1970", qui voit une "islamisation de la société par le bas mais travaillée aussi par l'argent de ces bailleurs de fonds saoudiens". "Les sociétés levantines ou du Moyen-Orient, ne sont pas plus intolérantes que les autres sociétés. On ne réfléchit pas assez à ces pouvoirs nocifs", déplore l'auteur.

 

"Ils sont figés dans les premiers siècles de l'islam"

Pour régler ces problèmes, le journaliste propose "d'ouvrir l'exégèse du texte sacré, parce qu'on est figé". "Contrairement à la Bible qui est constamment traduite, contextualisée, les religieux de la région ne pensent pas suffisamment au contexte et ont une interprétation vraiment littérale du texte sacré ou alors vont se référer aux hadiths du coran", note-t-il. Des hadiths connus "parfaitement par les soldats de l'État islamique, qui ne prennent pas en compte le contexte dans lequel ils vivent". "Ils sont figés dans les premiers siècles de l'islam", souligne Tigrane Yegavian.

"L'autre problème, c'est une négation de l'héritage antéislamique", dénonce-t-il. "On a l’impression que le monde arabe démarre au VIIe siècle", relève le journaliste qui s'indigne que l'on "oublie et gomme tout un héritage, une strate civilisationnelle considérable qui est la civilisation syriaque notamment". "Il revient aux intellectuels de repenser un peu cet héritage", appelle-t-il. "Depuis 30 ans, il y a un repli confessionnel qui est dramatique", analyse Tigrane Yegavian qui voit un retour "du schéma ottoman". "La majorité musulmane va islamiser la société, les chrétiens ne sont plus citoyens, on a l’impression que l’empire Ottoman n’en finit pas d’agoniser", note l'auteur.

La piste des diasporas pour alerter sur les exactions de l'islamisme

En face, "ils sont beaucoup moins nombreux certes, mais qualitativement, ils représentent quelque chose", souligne le journaliste. "Il y a désormais une diaspora", qui grâce à l'immigration et les nouvelles solidarités d'un monde mondialisé, arrivent désormais à alerter sur les problèmes se déroulant au Moyen-Orient. "Qui connaissait les yézidis jusqu'en 2014 à part quelques chercheurs ?", interroge Tigrane Yegavian. "Ils ont une diaspora aux États-Unis, en Allemagne, qui commence à faire du lobbying, qui s’est structurée en faveur des yézidis qui sont restés en Irak", souligne-t-il. "Le logiciel chrétien souffre de ce néo-ottomanisme", déplore-t-il avant d'ajouter une note plus positive pour l'avenir : "le fait que l’on ait des cadres de diaspora qui sont détenteurs d’une double culture, c’est porteur d’espoir". 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

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