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Thomas Clavel : "Il y a d'abord un empoisonnement des mots puis un emprisonnement de la langue"

Par La Rédaction

Thomas Clavel, professeur de français et auteur du livre "Un traître mot" (éditions La Nouvelle Librairie), était l’invité d’André Bercoff jeudi 2 juillet sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Thomas Clavel invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Dans son roman, publié aux éditions de La Nouvelle Librairie, Thomas Clavel raconte l'histoire de Maxence, un jeune universitaire emprisonné pour délit d'opinion. À travers cette histoire orwellienne, l'auteur souhaite dénoncer une certaine "novlangue" qui domine aujourd'hui la société post-moderne.

 

Un vocabulaire qui prolifère mais une langue empoisonnée

La novlangue décrite dans le roman 1984 de George Orwell se basait sur un appauvrissement des mots, "le langage s'épuisant comme peau de chagrin", décrit Thomas Clavel. Mais dans le langage post-moderne, l'auteur observe au contraire "une prolifération, une augmentation du nombre de mots". "Le vocabulaire s'appauvrit mais certains mots apparaissent tout à coup et deviennent des mots de cette novlangue post-moderne", note-t-il. À titre d'exemple, Thomas Clavel pense justement au mot "confinement", "sorti de nulle part qui peut être remplacé par enfermement ou emprisonnement général".

Mais c'est également le cas pour les mots "amalgame, stigmatisation", qui "empoisonnent la langue", estime l'auteur. C'est d'ailleurs sur ces préceptes que son personnage principal, Maxence sera emprisonné. "Maxence compare une télévendeuse, aux méthodes peu scrupuleuses, aux roms qui lui font les poches dans le métro à l'heure de pointe. Ce mot lui sera reproché par un procès verbal, puis par la police, qui va se rendre compte qu'il est coutumier du fait, qu'il a écrit une critique littéraire sur Renaud Camus, qu'il a également, lors d'un partiel, attribué une note et une appréciation mauvaises à une élève issue de la Diversité, avec un D majuscule", raconte Thomas Clavel. Des "micro crimes" qui l'emmèneront vers un "procès en sorcellerie". 

Une idéologie victimaire

Pour Thomas Clavel, cette histoire n'est pas simplement une fiction. "Cette police est au pouvoir, j'ai parfois l'impression que ce que j'écris dans mon roman est très en deçà de ce que j'observe dans la réalité", s'inquiète-t-il. Pour exemple, la décision du New York Times d'écrire "Black" en majuscule et "white" en minuscule relève "d'une idéologie victimaire, de religion victimaire". "Tout tourne autour de la langue, des mots" dans cette histoire, souligne l'auteur. "Il y a d'abord un empoisonnement des mots puis un emprisonnement de la langue", déplore-t-il.

Emprisonné, embastillé, Maxence "se rend compte que les mots étant traqués à ce point, il se donnera comme travail de leur redonner leur sens originel". C'est alors qu'il va "s'armer de grands auteurs qu'il a en tête" pour former un "club" avec quelques détenus, avec lesquels "il va se prendre à redonner à la langue ses lettres de noblesse".

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

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