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Savigny-le-Temple : un professeur transgenre victime d'insultes et de menaces sur le net

Par Mathieu D'Hondt

Depuis quelques jours, un professeur transgenre d'un collège de Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) est victime d'insultes et de menaces sur le net. Reportage.

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C'est une histoire pas banale qui chamboule actuellement le collège de la Grange du Bois de Savigny-le-Temple, une commune francilienne de 30 000 habitants située dans le département de la Seine-et-Marne, à 30 kilomètres de Paris. C'est ici, au cœur de cet établissement qui accueille plusieurs centaines d'élèves, qu'un professeur transgenre subit un véritable calvaire, victime d'insultes à répétition sur le net. Reportage.

Voila plusieurs jours maintenant que ce professeur de français se rend au collège habillé en femme et se fait appeler "Madame" par ses élèves. Ayant entamé un processus de changement de sexe, ce dernier est soutenu par sa direction qui a appelé les enfants et leurs parents à respecter son choix. Toutefois, sa vie est depuis devenue un enfer car il fait désormais l'objet d'insultes transphobes et de menaces sur les réseaux sociaux, au point qu'un service d'ordre soit contraint d'assurer sa sécurité.

"Je ne comprends pas ceux qui le regardent bizarrement parce qu'il veut changer de sexe"

La nouvelle ne laisse en tout cas personne indifférent, comme nous avons pu nous en apercevoir devant les portes de l'établissement. "J'ai tellement eu l'habitude de dire 'Monsieur' que je n'arrive pas à dire 'Madame', c'est choquant !", nous confie Chelsea, manifestement perturbée. Pour d'autres, comme Zoé, âgée de 10 ans, ce changement d'identité ne pose aucun problème et ne regarde personne. "Je ne comprends pas ceux qui le regardent bizarrement parce qu'il veut changer de sexe. On est ce que l'on est et comme on veut, je ne comprends pas que l'on puisse l'insulter, c'est impossible de faire ça, moi ça me choque. Ce n'est pas parce qu'on a 10 ans que l'on n'est pas capable de ressentir le malheur des autres", déplore ainsi avec maturité cette jeune élève de 6e.

"Les élèves l'ont bien pris mais les adultes font comme si c'était bizarre"

Au-delà de la situation du professeur, c'est surtout la gestion de ce cas si particulier par le collège et l'académie qui semble troubler les habitudes des enfants, comme nous l'explique Charlotte, "Il y avait des gardes du corps pour lui, il était très protégé. On ne pouvait pas accéder au couloir, où il donnait cours", raconte-t-elle. Pour Michaël, c'est surtout la sécurité renforcée qui rend la situation anormale. "Ils nous font comprendre que ce n'est pas normal vu que tout le monde le protège. Je pense que les élèves l'ont bien pris mais les adultes font comme si c'était bizarre", regrette-t-il, un peu perplexe.

Et les parents dans tout ça ? Consciente qu'une telle situation peut provoquer quelques incompréhensions, la majorité préfère apaiser les choses et préconise le dialogue avec les élèves qui pourraient être déstabilisés. "C'est vrai que les enfants l'ont connu(e) professeur et maintenant femme mais il faut expliquer, tout simplement !", nous confie ainsi Célia, maman d'une élève de 6e.

En attendant que les choses rentrent dans l'ordre, le professeur - qui a par ailleurs reçu le soutien de la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa - a quitter jeudi soir le collège, sous bonne escorte, entouré de policiers.

Un reportage de Clément Bargain

 

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