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Retraites: les syndicats retournent à Matignon avant l'épreuve de force

Trois mois après la reprise des concertations sur la réforme des retraites, syndicats et patronat sont de nouveau conviés à Matignon lundi et mardi, sans illusion sur un compromis avant la grève du 5 décembre, qu'Emmanuel Macron réduit à une mobilisation pour les "régimes spéciaux".

Photo prise le 19 juin 2013 à Paris, de différentes coupures de journaux traitant du sujet de la réforme des retraites. La deuxième conférence sociale du quinquennat s'ouvrira le 20 juin 2013 dans un climat tendu, avec pour ambition d'unir les efforts pour circonscrire le chômage de masse et lancer le débat sur l'épineuse réforme des retraites contre laquelle la CGT et FO sont déjà parties à l'offensive. AFP PHOTO / JOEL SAGET (Photo by JOEL SAGET / AFP)

Le Medef ouvrira le bal lundi matin, suivi de la CFTC, avant la CPME, la CFDT, l'Unsa et Force ouvrière.

Les discussions se poursuivront mardi avec l'U2P et la CFE-CGC, la CGT devant décider lundi si elle accepte ou non l'invitation - qui figure bien à l'agenda de Matignon - du Premier ministre Edouard Philippe, accompagné du haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye et de la ministre des Solidarités Agnès Buzyn.

Officiellement, il s'agit "de faire un point sur l'ensemble de la réforme: le système cible (universel, qui doit remplacer les 42 régimes de retraites existants, ndlr), la transition et le retour à l'équilibre en 2025", selon Matignon.

Et plus généralement de montrer que "le dialogue social continue" selon l'entourage d'Edouard Philippe, à une semaine et demie d'une mobilisation potentiellement massive.

Sauf que le ton s'est durci ces derniers jours.

Des syndicats de la RATP et de la SNCF avaient annoncé une grève reconductible le 5 décembre, avant d'être rejoints par l'intersyndicale CGT, FO, FSU et Solidaires pour une grève interprofessionnelle, puis par des organisations d'Air France, d'EDF, d'avocats...

Jeudi, la CFDT-Cheminots a déposé un préavis pour le 5. Une décision prise "en totale cohérence" avec la confédération, selon son secrétaire général Laurent Berger, "pour peser dans le rapport de force" et obtenir l'application de la réforme aux seuls futurs embauchés de la SNCF, au titre de la fameuse "clause du grand-père" récemment au cœur de divisions gouvernementales.

Pour Emmanuel Macron, la grève du 5 est "une mobilisation contre la fin les régimes spéciaux", et il a qualifié vendredi d'"étrange" un mouvement contre une réforme "dont on ne connaît pas les termes exacts".

Tant pis si la CGT et FO s'opposent depuis le départ au principe même d'un régime universel par points pénalisant selon elles pour tous les travailleurs, et si la CFE-CGC, qui représente les cadres, vient d'appeler à manifester contre une réforme "inutile" et "dangereuse".

Emmanuel Macron "veut focaliser sur les régimes spéciaux pour éviter de dire que toutes et tous, nous allons perdre avec le projet du gouvernement", a répliqué le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, vendredi soir sur France Info.

- L'exécutif "ne lâchera rien avant le 5" -

Le président a mis en garde "tous ceux qui essaient de jouer avec les peurs", et appelé syndicats et partis à condamner les violences lors des manifestations.

Jeudi, Agnès Buzyn avait dénoncé les "revendications très corporatistes" de syndicats défendant "un régime extrêmement avantageux" quand la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye accusait la CGT de ne pas "jouer le jeu de la démocratie sociale".

Dans ce contexte, difficile d'imaginer des concessions à Matignon lundi. "Ils ne lâcheront rien avant le 5", prédit un négociateur syndical.

Laurent Berger et le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux appellent au moins à sortir de "l'ambiguïté".

Mais avant de "prendre des décisions", Edouard Philippe entend consulter les partenaires sociaux sur le rapport du Conseil d'orientation des retraites qu'il a commandé pour justifier d'éventuelles mesures d'économies avant la réforme.

"Toute une série d'hypothèses" sont "ouvertes" pour combler un déficit potentiel de "10 à 12 milliards" d'euros, a rappelé le Premier ministre jeudi, tout en écartant une baisse des pensions ou une augmentation des cotisations.

"Il faut dire aux Français clairement (...) que nous allons travailler plus longtemps (...) soit par la durée de cotisation soit par une mesure d'âge", a-t-il insisté, au grand dam de la CFDT, demandeuse d'un régime universel à points mais opposée à tout allongement de la durée du travail.

Pour autant, "la main reste tendue", selon l'entourage d'Edouard Philippe. D'autant que "ce n'est pas le sujet qui préoccupe les Français. Le sujet de décembre, c'est les régimes spéciaux", estime la même source.

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