Un roman pour dessiner un autre portrait de la Syrie
Mais qui est le dernier Syrien ? Quelle est sa destinée ? Va-t-il reconstruire sa nation ? C'est le roman d'Omar Youssef Souleimane, un réfugié syrien qui a trouvé asile en France après avoir fuit les violences du régime de Bachar Al Assad. "Le dernier syrien pour moi c'est le rêve qui accompagne chaque Syrien où qu'il soit dans le monde entier", explique l'auteur.
À travers son roman, il a voulu raconter "l'autre visage de la Syrie, que l'on raconte peu dans les médias". "Le visage de ces jeunes qui ont lutté contre le pouvoir en 2011, ces hommes et femmes qui ont donné leur vie pour la liberté de leur pays", défend-t-il. Un roman d'inspiration autobiographique autocentré sur ces personnages, ressemblant "à ces gens que j'ai connu autour de moi".
Chercher une alternative à Bachar Al Assad
En Syrie la situation demeure complexe. "L'alternative est fausse", raconte Omar Youssef Souleimane, "Si Bachar Al Assad part, n'importe qui le remplacera, ce sera moins pire que lui", prédit-il. Même les islamistes ? Selon lui, si l'un tombe, l'autre tombera avec. "Le régime syrien a joué avec les islamistes depuis 2004. Il y a une complicité secrète entre le régime et les islamistes", assure-t-il. Il se rappelle que le régime du père de Bachar Al Assad, "a profité des Frères musulmans en 1982 et a enseigné l'islamisation en Syrie afin d'avoir une sorte d'équilibre dans la société syrienne". D'après lui, la manœuvre était bien ficelée, "en cas de mouvement grave, il profiterait de ça pour déclencher une guerre civile, c'est ce qui s'est passé".
Il déplore une vente du pays "à tout le monde : les Russes, les Iraniens et les Turques. Y-a-t-il pire qui peut arriver ?", s'interroge-t-il. Pour le romancier "la Syrie existe dans la tête des Syriens mais pas dans la vérité". Alors que faire ? Faut-il rêver d'une fédération syrienne qui partagerait le pays entre les alaouites, les sunnites et les kurdes ? C'est la proposition d'un des personnages, qui serait pour lui la garantie "d'une liberté dans la société syrienne". Reste que plus de 12 millions de déplacés ou réfugiés ont quitté la Syrie mais peu souhaiteraient véritable y retourner vivre. "S'il est intégré dans une nouvelle société, il n'a pas envie de revenir", témoigne Omar Youssef Souleimane.
Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.
Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !