La députée Horizons Naïma Moutchou, 44 ans, ministre démissionnaire de la Fonction publique, propulsée dimanche à la tête du ministère des Outre-mer, aura la lourde tâche de plancher sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, après la crise insurrectionnelle de mai 2024.
Car le temps presse dans ce dossier érigé par Sébastien Lecornu, renommé Premier ministre vendredi, comme l'une de ses priorités.
Le report des élections provinciales est une condition indispensable à la mise en œuvre de l'accord de Bougival négocié par le prédécesseur de Mme Moutchou, Manuel Valls. Un texte signé en juillet entre les non-indépendantistes, l'Etat et les indépendantistes, dont le FLNKS s'est depuis retiré.
Sur le réseau social X, l'avocate de formation a déclaré accepter cette "responsabilité" "par fidélité à l'Etat et par devoir envers nos compatriotes des Outre-mer". "Je mettrai toute mon énergie à leur service, avec une attention très immédiate pour la Nouvelle-Calédonie", a-t-elle poursuivi.
Née le 4 novembre 1980 à Ermont (Val-d'Oise) de parents modestes d'origine marocaine arrivés en France en 1961, Naïma Moutchou est la benjamine d'une famille de six enfants et a grandi à Eaubonne.
Après des études de droit à l'université de Cergy-Pontoise, puis d'Assas à Paris, elle exerce de 2010 à 2017 comme avocate au sein du cabinet Christian Charrière-Bournazel.
Engagée bénévolement auprès de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme de 2008 à 2017, elle s'enorgueillit d'avoir "fait condamner l'un des premiers cas de racisme anti-blanc".
En 2017, elle est élue députée du Val-d'Oise et prend rapidement du galon: première vice-présidente du groupe LREM en 2019, elle devient vice-présidente de l'Assemblée en juin 2022.
Elle a été réélue à ce poste après la dissolution et sa réélection, ne le délaissant que début octobre, à quelques jours de la composition du premier gouvernement de Sébastien Lecornu, alimentant les rumeurs la donnant entrante.
Elle n'est restée que 14 heures ministre de la Fonction publique, avant la démission du gouvernement Lecornu 1 lundi.
En 2021-2022, Mme Moutchou était vice-présidente de la mission d'information sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie à l'Assemblée nationale.
Elle a également fait partie, en 2021, de la commission d'enquête sur la lutte contre l'orpaillage illégal en Guyane.
- Une parlementaire "courageuse" -
Au fil des années, Mme Moutchou s'est rapprochée de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe et a pris la tête du pôle Idées d'Horizons. La députée se signale par des positions marquées à droite au sein du camp présidentiel et même de son parti, notamment lors de l'examen du projet de loi Immigration fin 2023.
Dans une interview au Figaro, elle se dit "favorable à l'idée de transformer (...) l'aide médicale d'Etat (AME) en aide médicale d'urgence (AMU)" et estime qu'une mesure pour régulariser les sans-papiers travaillant dans les métiers en tension était "une forme d'encouragement à l'immigration clandestine". Elle porte aussi depuis des années des propositions de loi sur les peines planchers, rejetées par les alliés au centre mais soutenues par la droite et l'extrême droite.
"Edouard essayait de la caser à chaque remaniement, mais elle ne voulait que la Justice", affirme un parlementaire membre d'Horizons.
Auprès du JDD, le vice-président RN de l'Assemblée Sébastien Chenu louait en novembre 2023 une parlementaire "courageuse, impartiale, quelque peu dissonante dans cette majorité".
Dans la droite ligne des préconisations de Laurent Marcangeli, alors président des députés Horizons, Mme Moutchou n'hésite pas à ouvrir en mars 2024 à la signature des élus RN une proposition de loi sur les nuisances aériennes. Lors des législatives de 2024, la gauche dénonce aussi le retrait à son profit entre les deux tours du candidat ciottiste Sébastien Meurant.
Ce dernier affirme à plusieurs médias avoir été appelé par Mme Moutchou, ce qu'elle dément. "Il n'y a jamais eu d'accord ou de compromission avec qui que ce soit", assure-t-elle.
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