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Meurtres à Marseille : "la drogue circule beaucoup plus, notre société est malade"

Quelle solution contre le trafic de drogue ? Bruno Bartocetti, délégué régional du syndicat de police SGP-FO, Stéphane Ravier, sénateur RN des Bouches-du-Rhône, président du groupe RN au conseil municipal de Marseille, et Karine Sabourin, déléguée de l’Union syndicale des magistrats (USM) à Marseille et présidente de chambre correctionnelle au tribunal judiciaire de Marseille. Étaient les invités du débat du jour sur l’antenne de Sud Radio.

"Les acheteurs sont de plus en plus nombreux"

Les morts violentes se multiplient à Marseille, sur fond de trafic de drogue. Quels étaient les profils des trois personnes tuées ce week-end à Marseille ? "L’enquête est toujours en cours, rappelle Bruno Bartocetti, délégué régional du syndicat de police SGP-FO. Leur profil est un peu différent de celui du garçon de 14 ans tué récemment. Ils sont un petit peu plus âgés, connus de la police et de la justice notamment en matière de stupéfiants. C’est un profil classique et des règlements de comptes classiques, malheureusement."

On recense déjà 11 décès sur Marseille depuis le début de l’année 2021 et l’on se dirige vers un triste record. Comment expliquer cette hausse des homicides ? "On sait qu’il y a un regain de violences, pas qu’à Marseille ; on l’a vu récemment dans le Vaucluse. Il existe deux raisons essentielles à ces règlements de compte. C’est vrai qu’il y a l’occupation du terrain faite par la police nationale. Mais vous avez surtout un déplacement des vendeurs de stupéfiants, des dealers. Les acheteurs sont de plus en plus nombreux, il faut le souligner. Mais ils se déplacent de moins en moins. C’est moins agréable d’aller dans les cités, et il y a la crainte d’être pris en flagrant délit. Donc ces dealers se déplacent et occupent le terrain des concurrents. Il y a aussi des règlements de compte via des dénonciations."

 

"Ils n’ont même pas peur de la peine de mort"

Deux trafics de livraison de cocaïne à domicile viennent d’être démantelés. Les livreurs acheminaient la drogue à scooter, à vélo et même à trottinette. Sentiment d’impunité ? "En matière de sanctions c’est dix ans maximum pour le trafic de stupéfiants. Ils écopent de deux à trois ans, et encore n’exécutent pas leur peine. Ils n’ont même pas peur de la peine de mort, car c’est ce qu’ils risquent, estime Bruno Bartocetti. Ces dealers dépassent rarement les 30 ans. Alors tout est permis, cela leur rapporte beaucoup d’argent. Leur principal but est de s’acheter une voiture à 200.000 euros. Les gamins, dès 7-8 ans, évoluent dans le milieu de la drogue. La circulation de stupéfiants et d’armes à feu est énorme sur le territoire. Nous, policiers, on doit prendre le temps pour bien ficeler un dossier et le présenter à la justice pour qu’elle sanctionne. De nombreux réseaux peuvent évoluer pendant de années avant d’être traduits en justice."

Voit-on un rajeunissement fort des trafiquants ? "Oui on le constate. On était choqués de voir des mineurs de 16 à 17 ans y a sept ou huit ans. Là, on voit des gamins de 13 et 14 ans. La drogue circule beaucoup plus qu’il y a dix ou trente ans, la cocaïne est six fois moins chère, avec de plus en plus de consommateurs. Cela veut dire que notre société est malade. Les réseaux se multiplient, ils ont besoin de main d’oeuvre, on les prend très jeunes. Un gamin de 14 ans traduit en justice ne sera pas sanctionné. Tout cela amène de jeunes gamins dans les réseaux de stupéfiants. Les gros bonnets, on a du mal à les faire tomber. Encore faut-il s’en donner les moyens."

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