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Martin Andler (Terra Nova) : "Oui, le bac est devenu plus facile"

Par Mathieu D'Hondt

Martin Andler (Responsable du pôle enseignement supérieur au sein du Think tank "Terra Nova" et professeur émérite à l’université Versailles-Saint-Quentin) était l'invité de Dimitri Pavlenko dans le Grand matin Sud Radio.

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Demain, plus de 700 000 candidats plancheront sur leurs sujets de philosophie pour le début des épreuves du baccalauréat. Un bac que le nouveau ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer souhaite réformer. Est-ce une bonne idée ? On en parle avec Martin Andler (Responsable du pôle enseignement supérieur au sein du Think tank Terra Nova et professeur émérite à l’université Versailles-Saint-Quentin.

Bonjour Martin Andler, le bac sert-il encore à quelque chose ? On dit qu’il est trop simple, qu’il est donné à tout le monde. Qu’est-ce que vous en pensez ?

C’est une bonne question. Oui, parce que vous savez que pour la moitié des candidats, à peu près, c’est déjà plié puisqu’ils ont eu les résultats d ‘APB (admissions post bac) la semaine dernière donc ils savent où ils vont aller. On peut donc vraiment se poser la question de savoir à quoi sert vraiment le bac. Oui, le bac est devenu plus facile qu’avant, il y avait 60 % de reçus il y a 20 ans. Il y’en a 90 aujourd’hui. Le bac a changé de nature, c’est devenu un examen de fin d’étude secondaire plutôt que quelque chose servant vraiment de manière utile à l’enseignement supérieur. En témoigne le taux d’échec très important des bacheliers, qui rentrent dans l’enseignement supérieur au sein des filières sélectives.

L’idée du nouveau ministre, sur le long terme, est de recentrer le bac sur des grandes matières principales, un bac plus allégé et en même temps plus musclé. Est-ce la solution ?

Il faut faire quelque chose d’équilibré. Ce qu’a proposé le ministre, ce qu’a proposé Emmanuel Macron et ce que nous avons proposé à "Terra Nova", c’est de limiter le nombre d’épreuves terminales. Il faut savoir qu’il y a 30 ans, quand on passait le baccalauréat, on passait 4 épreuves en tout, ça durait 2 jours. Le bac s’est extraordinairement complexifié, il y a de plus en plus d’épreuves. Non seulement, il y a des épreuves de langues, mais aussi des validations de l’oral et, dans les sciences expérimentales, des TP ect… C’est devenu une machine extraordinairement complexe. Elle est en danger, il pourrait y avoir un jour un gros incident qui mette à mal tout le système.

À quoi pensez-vous par exemple ?

Des fuites, des sujets qui n’arrivent pas au bon endroit , des erreurs dans l’ouverture de sujets. C’est déjà arrivé, ça pourrait être une catastrophe. On ne le souhaite pas pour les bacheliers.

Vous dites que le bac doit être un pont entre le lycée et l’après, c’est-à-dire l'université ou les grandes écoles, etc. Ce qui n’est pas le cas puisqu'il est facile et que beaucoup de bacheliers échouent dans l’enseignement supérieur.

Oui, il faut penser à cette transition. Mais ça ne veut pas dire qu’il faut secondariser l’enseignement supérieur. Il faut au contraire que les lycéens soient mieux préparés à rentrer dans l’enseignement supérieur.

De quoi ont besoin les lycéens justement ?

Il y a une question d’autonomie, de manière de travailler, ils doivent s’approprier le travail plutôt que de faire ce qu’on leur dit de faire. Il faut être capable de se prendre en charge car ce sont des adultes.

>> Retrouvez l'intégralité du podcast de l'interview :

 

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