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Margaux Collet : "9,5 millions de femmes renoncent à des soins pour raisons financières"

Par Mathieu D'Hondt

Margaux Collet, responsable des études au Haut conseil à l’égalité (HCE) et co-rapporteure du rapport "Santé et accès aux soins des femmes en situation de précarité", était ce vendredi l'invitée de Dimitri Pavlenko dans le Grand matin Sud Radio.

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En situation d’extrême précarité, des millions de femmes se trouvent actuellement hors des radars du système de santé. Le Haut conseil à l’égalité lance l’alerte et dénonce les difficultés que rencontre ces dernières. Co-rapporteure du rapport intitulé "Santé et accès aux soins des femmes en situation de précarité", notre invitée Margaux Collet fait le point sur la situation.

Bonjour Margaux Collet, les femmes représentent 53 % des personnes pauvres, 57 % des bénéficiaires du RSA et, plus choquant encore 82 % des emplois à temps-partiels et 62 % des emplois non qualifiés. La précarité est donc davantage féminine, vous confirmez ?

Oui complètement, les chiffres que vous avez rappelé dressent un peu le panorama, quelque soit le critère que l’on prend, des situations très diverses de précarité qui existent aujourd’hui en France.

Et tout cela a un impact sur la santé de ces femmes, mais de quelle manière ?

En fait, on s’est intéressé aux personnes qui aujourd’hui en France renoncent ou reportent le plus des soins, notamment pour des raisons financières . Dans 64 % des cas, ce sont des femmes, ça veut dire qu’elles auraient besoin d’avoir accès à la santé mais elles reportent à plus tard et renoncent. Au total, 9,5 millions de femmes renoncent à des soins et en premier lieu pour des raisons financières.

Parce que ça coûte trop cher d’aller chez le médecin ?

Oui, alors même qu’il existe en France des prestations, des aides, pour accéder à la santé et des couvertures mutuelles universelles. Mais souvent, l’accès à ces aides est illisible et complexe, et alors même qu’elles y ont droit, ces femmes n’en font pas la demande ou la demande n’aboutit pas.

Il y a aussi un phénomène important, ces femmes sont le plus souvent cheffes de famille monoparentale, des femmes seules donc qui privilégient la santé de leurs enfants à leur détriment.

Complètement ! Aujourd’hui, 85 % des familles monoparentales ont a leur tête une femme et 1/3 de ces familles sont sous le seuil de pauvreté. Donc on imagine bien la complexité pour ces femmes qui vont travailler quelques heures par-ci par-là, tôt le matin, le midi, le soir et qui amènent les enfants à l’école, puis passent à la Caf, au Pôle emploi. Dans cet emploi du temps, difficile de penser à prendre un rendez-vous chez un médecin. Pour elles, c’est uniquement lorsqu’elles atteignent une situation d’urgence, ou en tout cas quand elles souffrent de symptômes assez graves, qu’elles vont se rendre chez le médecin.

Vous mettez l’accent dans votre rapport sur la contraception avec ce chiffre frappant : parmi les femmes ouvrières, les moins qualifiées, plus de la moitié n'ont pas de contraceptif.

Oui, c’est une question qui se pose dès l’adolescence. On voit que les mères qui viennent de catégories sociales populaires vont peu chez le gynécologue, sont peu suivies, prennent peu de contraception et on va retrouver le même phénomène chez leurs filles.

Vous allez remettre aujourd’hui ce rapport à la secrétaire d’État chargée de l’égalité homme/femme, que préconisez-vous pour améliorer la situation de ces femmes précaires ?

En premier lieu, de faciliter l’accès aux aides financières qui existent et cela passe par une simplification. Nous préconisons une fusion entre les aides existantes pour ne faire qu’une demande. Par exemple, que les femmes au RSA puissent avoir un accès automatique à la couverture maladie universelle complémentaire et qu’elles soient accompagnées dans leurs démarchent.

Retrouvez l'intégralité du podcast de l'interview

 

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