En Béarn, sur le bassin de Lacq à Mourenx (64), l’usine Sanofi est suspectée de rejets toxiques allant au-delà de la norme autorisée. Cette entreprise pharmaceutique, qui produit notamment le médicament Dépakine, polluerait en reversant en trop grosse quantité du bromopropane, une substance inodore dans l’air mais qui cause de grands dégâts : mise en danger du fœtus pour les femmes enceintes, nuisance à la fertilité, irritation de la peau et des voies respiratoires, etc. Des contrôles ponctuels auraient révélé des dépassements dépassant de 90 000 à 190 000 les seuils légaux.
Pour l’association France Nature Environnement (FNE), qui a déposé plainte, Sanofi était au courant et aurait donc dû contacter la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL). FNE exige désormais la fermeture de l’usine Sanofi : "Même si aujourd’hui ils sont en train de travailler sur des études et des mesures à prendre, la pollution continue encore. Ce que nous souhaitons, c’est donc un arrêt de la pollution massive. Il faut également creuser un peu plus pour savoir s’il y a eu des répercussions sur les populations mais aussi depuis quand celle-ci dure t-elle car aujourd’hui nous ne le savons pas" explique Solène Demonet, coordinatrice des risques industriels à France Nature Environnement.
Même son de cloche du côté de la SEPANSO 64, fédération régionale des associations de protection de la nature. Cathy Soublès, vice-présidente de la fédération, plaide également pour de nouveaux contrôles, cette fois faits par un cabinet indépendant : "Nous avons découvert ce problème de pollution chez Sanofi. L’entreprise nous répond que tout va bien, qu’ils vont remédier au problème. Sauf que l’étude sanitaire a été faite en interne chez Sanofi alors que nous avons besoin de mesures qui soient vraiment prises de manière indépendante et objective".
Le maire de Mourenx Patrice Laurent, de son côté tend à relativiser les choses. Pour lui les habitants ont de quoi être inquiets, pour autant "ce taux de concentration aussi élevé, on le retrouve à la sortie d’un canal d’aération. Mais si on s’éloigne d’un mètre, le taux de concentration n’est déjà plus du tout le même" explique-t-il. Il ajoute que c’est l’industriel lui-même qui a relevé l’infraction, qui en a informé la DREAL et qui tente de régler ce problème. "Les personnes ne sont pas exposées à de taux supérieurs à ce que l’on peut admettre" conclut Patrice Laurent.
Selon France Bleu, une réunion avec les élus et les services de l’État est prévue ce mercredi pour en discuter.
Propos recueillis par Christophe Bernard.