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L'oeil éco d'Yves de Kerdrel - Le grand paradoxe de la grève du 5 décembre

Trois quarts des Français soutiennent la réforme mais en même temps 67% des sondés soutiennent les grévistes. Simple indécision à la française ou réel phénomène ?

Les 3 syndicats de l'usine Bosch à Rodez appellent à la grève contre la réforme des retraites, mais aussi pour espérer sauver leur site. (AFP)

Retrouvez l'oeil éco d'Yves de Kerdrel tous les matins à 8h20.

 

Trois quarts des Français soutiennent la réforme mais en même temps seuls 67 % des sondés soutiennent les grévistes, quel paradoxe !

Oui c’est le paradoxe de la société française qui est toujours demandeuse de réformes, à condition que cela ne concerne que ses voisins. D’un côté les français savent que notre système de retraites est à bout de souffle. Donc ils ne veulent pas la mort de ce système. D’où le fort pourcentage de soutiens. Et en même temps ils n’imaginent pas que cette réforme va tous les concerner. Certains à la hausse, notamment les petites retraites qui seront revalorisées et d’autres à la baisse, notamment les grosses retraites qui seront plafonnées. Mais les français ne sont pas idiots. Ils ont bien vu que les allemands ont réformé leur système de retraite. Que les espagnols, les portugais, et même les grecs ont réformé leur système de retraite. Et c’est cela qui a sauvé ces pays de la faillite. Or, comme l’a montré le rapport du Conseil d’orientation des retraites, si rien n’est fait d’ici 2025, le système sera déficitaire. Et tout le monde sera perdant

Très bien mais comment peut-on à la fois soutenir massivement la réforme et défendre largement les grévistes ?

Il y a deux raisons principales. La première est donnée par le même sondage du Journal du Dimanche. 64 % des français ne font pas confiance au gouvernement pour réussir cette réforme des retraites. Donc dans ce soutien aux grévistes, il faut voir une forme de manifestation par procuration contre Macron et le gouvernement. Et tout cela se comprend assez bien quand on voit l’effondrement de la popularité d’Emmanuel Macron. La seconde raison, c’est qu’on retrouve dans ces 64 % des français tous ceux qui ont un emploi dans le secteur public. Ou ceux qui ont une femme, un fils ou un père qui bénéficient d’un régime spécial sur le point d’être sacrifié. Sans compter tous ceux qui ne seront pas impactés par la grève comme les agriculteurs mais qui sont eux aussi en colère. Ces chiffres ne sont pas curieux. Ils sont graves au contraire. Et nous montrent qu’il y a deux France, dont l’une très majoritaire est aussi très en colère contre ceux qui nous gouvernent.

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