Les contrôles d'identité ont augmenté de 10% entre 2016 et 2024 pour atteindre un quart de la population française, selon une enquête du Défenseur des droits (DDD) dévoilée mardi, avec un risque quatre fois plus élevé pour les jeunes hommes "noirs, arabes ou maghrébins".
Selon cette enquête accès aux droits (EAD) sur les relations entre les forces de sécurité et la population, en 2024, 26% des personnes interrogées ont déclaré avoir été contrôlées par la police ou la gendarmerie au moins une fois au cours des cinq dernières années (contre 16% en 2016).
Parmi elles, 41% ont entre 18 et 24 ans, 13% sont âgées de 65 à 79 ans. Pour les personnes perçues comme "arabes, noires ou maghrébines", 39% d'entre elles ont été contrôlées au moins une fois sur les cinq dernières années, contre 23 % pour les personnes perçues comme blanches exclusivement.
Selon les analyses du DDD, basées sur des méthodes statistiques, les jeunes hommes perçus comme "arabes, noirs ou maghrébins" ont 4 fois plus de risque d'avoir été contrôlés au moins une fois par la police que le reste de la population et ont 12 fois plus de risque d'avoir connu un contrôle poussé (fouille, palpation, ordre de partir, etc.).
L'EAD a été réalisée d'octobre 2024 à janvier 2025 par l'institut de sondage Ipsos sur un échantillon représentatif de la population française de 5.030 personnes, âgées de 18 à 79 ans, résidant en France métropolitaine, questionnées chacune durant 37 minutes, sur leur perception du contrôle d'identité, mais également du dépôt de plainte, de la main courante et de la confiance en la police et la gendarmerie.
Cette enquête est le renouvellement d'une précédente étude inédite de 2016.
La nouvelle enquête pointe également que le motif du contrôle n'est pas explicité par les forces de sécurité pour plus d'une personne sur deux (52%) et près d'une personne sur cinq déclare avoir eu un comportement inapproprié de la part des policiers et/ou gendarmes (tutoiement, insultes, provocations, brutalités).
Ces comportements inappropriés ont été davantage rapportés par les personnes perçues comme "noires, arabes ou maghrébines" ainsi que par les personnes qui se déclarent non hétérosexuelles, et les personnes au chômage, souligne l'enquête.
Pour mieux qualifier les relations entre la police et la population, l'EAD 2024 a introduit des questions sur le dépôt de plainte et la main courante.
Ce sont 21 % des personnes qui déclarent que policiers ou gendarmes ont refusé de prendre leur plainte ou leur main courante. Parmi elles, 37% sont en situation de handicap, 33% portent un signe religieux, 30% sont au chômage, 28% sont perçues comme "noires, arabes ou maghrébines".
Enfin, 53% des personnes à qui a été expliqué le contrôle d'identité dont elles ont fait l'objet ont déclaré être confiantes envers l'institution policière.
AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP