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Le regard libre d'Élisabeth Lévy - Samuel Paty : les e-mails qui posent problème

Des échanges d'e-mails révélés par le quotidien Le Monde montrent, comme s'il fallait en douter, que le professeur n'a été que peu voire pas soutenu, dans un curieux mais attendu objectif de ne pas faire de vagues.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

Le Monde publie des mails échangés entre Samuel Paty, sa hiérarchie et d’autres professeurs dans la semaine précédant son assassinat. 

Ceux-ci retracent un incident désormais banal à l’école publique : les protestations d’élèves musulmans et les pressions de leurs parents, mécontents de l’enseignement. Et les efforts de l’institution pour arranger les choses. 

Les 5 et 6 octobre, Samuel Paty montre à ses classes de 4ème deux caricatures de Mahomet, proposant aux élèves qui le souhaitent de fermer les yeux ou de sortir. Puis, il leur explique qu’il n’y a pas de blasphème en République. Les jours suivants, des élèves s’agitent, des parents protestent, portent plainte. Des vidéos mensongères et menaçantes circulent sur les réseaux sociaux. Le rectorat dépêche un inspecteur pour calmer le jeu.

Que nous apprennent ces mails ? 

Contrairement à ce que prétend Le Monde, il n’y a pas eu un soutien sans faille de la hiérarchie. Ni un lâchage. Peut-être une once de compréhension mais ils sont tous d’accord, y compris lui-même : il a commis une maladresse, puisqu’il a blessé. Lui reconnaît une erreur humaine. On ne sait pas si l’erreur est d’avoir montré des caricatures ou d’avoir proposé aux élèves de sortir. Leur peur à tous étant d’être accusés de discrimination et que ça sorte dans la presse. Objectif ”pas de vagues”. Ils tentent alors d’apaiser les parents. 

S’ensuit une vive discussion parmi les professeurs d’où ressortent deux messages très critiques. Paty mettrait à mal la relation de confiance que l’école publique tente d’instaurer avec ces familles ; il a donné à la laïcité le visage de l’intolérance. 

Est-ce que ça aurait pu se conclure pacifiquement ? 

C’est ce qui se passe le plus souvent. Nous n’en entendons pas parler. Ça se termine par une reddition de l’école et une victoire islamiste. Au début, Samuel Paty tente l’ironie mais il est vite désabusé : “l’an prochain je ferai cours sur la censure d’internet en Chine”. Dans un long message à ses collègues, il expose le dilemme auquel ils sont confrontés : « faut-il ne pas froisser ou être totalement neutre ? ». La violence qu’il subit lui fait visiblement réviser son jugement. L’intimidation fonctionne. 

Ce qui frappe dans toute cette histoire, c’est que personne n’envisage la fermeté. Comme signifier aux parents qu’ils n’ont rien à dire sur les cours. On devrait s’excuser si on a blessé ? Non ! Enseigner c’est aussi provoquer, choquer, ébranler. Le plus grand renoncement de l’école publique : elle ne mise plus que sur la bienveillance.

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