Cette fois, c’est clair et net. À l’exception des lycéens, tout le monde sera en cours le 22 juin.
C’est la troisième rentrée de la saison. L'obligation scolaire est enfin rétablie, pour les élèves et pour les professeurs. À partir de lundi, il faudra une raison valable pour justifier les absences.
On se demande pourquoi il faut une semaine pour abandonner les contraintes et les affreux marquages au sol qui donnaient à l’école un air carcéral. Il devrait suffire de ranger le matériel et roulez jeunesse.
Mais le génie bureaucratique français ne lâche pas si facilement. Car le protocole sanitaire n’est pas supprimé mais allégé avec une distance de "un mètre latéral entre les élèves".
Ces règles répondent à des objectifs de santé publique ?
Non ! Elles s’inscrivent dans le règne de l’émotion cher à Christophe Castaner. Le fameux protocole sanitaire visait plus à rassurer les professeurs et les parents qu’à combattre le risque réel.
Il est plus facile d’instaurer le règne de la peur que d’en sortir.
Le 11 mai, tout le monde y est allé à reculons. “On nous envoie dans les tranchées” disaient certains syndicats de professeurs tandis que les maires trouvaient mille raisons de ne pas ouvrir. À Paris, la situation est particulièrement scandaleuse : beaucoup de profs qui ne voulaient tout simplement pas rentrer ont utilisé tous les motifs possibles.
Pourquoi cela se passerait-il mieux maintenant ?
Parce qu’en réalité, il y a deux changements concomitants :
- Le Ministère de l’Education Nationale a haussé le ton à l’endroit des profs décrocheurs.
- Il y eût un basculement de l’opinion. Les parents n’ont plus peur. De plus, en faisant la classe à leurs enfants, ils ont découvert leur niveau réel. Du coup, il y a un certain ressentiment contre les professeurs soupçonnés d’abuser de leur statut quand eux-mêmes sont obligés d’aller bosser.
En somme, les professeurs sont paresseux ?
L’amalgame serait particulièrement injuste pour tous ceux qui se sont littéralement épuisés de faire travailler leurs élèves à distance.
Surtout, les professeurs sont plus malheureux que paresseux. Soumis à la pression des parents, sommés de combattre tous les maux de la société, ils subissent la bureaucratisation de leur métier et son invasion par l’idéologie du management. Le témoignage d’un maître d’école dans la revue Le Débat est édifiant et révélateur : l’enseignant n’est plus un artisan libre de choisir ses outils pour remplir sa mission mais un exécutant qui doit respecter des procédures.
Somme toute, ce n’est pas en infantilisant les professeurs qu’on leur permettra de jouer leurs rôle d’adultes.