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Le procès d'un réfugié soudanais accusé d'un triple meurtre s'est ouvert à Angers

Le procès d'un réfugié politique soudanais de 35 ans accusé d'avoir tué trois jeunes garçons à l'arme blanche dans le centre-ville d'Angers une nuit de juillet 2022 s'est ouvert vendredi devant la cour d'assises du Maine-et-Loire.

Damien MEYER, - - AFP/Archives

Le procès d'un réfugié politique soudanais de 35 ans accusé d'avoir tué trois jeunes garçons à l'arme blanche dans le centre-ville d'Angers une nuit de juillet 2022 s'est ouvert vendredi devant la cour d'assises du Maine-et-Loire.

La première journée d'audience a commencé avec 45 minutes de retard, après un refus de l'accusé d'être extrait de la maison d’arrêt et sa sommation de "se présenter à l'audience" par le président de la cour, Xavier Lenoir, qui a suspendu les débats pour attendre son arrivée.

Al Khawad Al Zine Suleymane a finalement rejoint le box, en veste de jogging noir et jaune, un masque chirurgical sur le visage, le baissant pour répondre en arabe aux questions du président, aidé d'un interprète.

La salle, remplie des familles et proches des victimes, a accueilli son arrivée en silence, la plupart le voyant pour la première fois.

"C'est même au-delà de la colère, quand on le voit", a déclaré à l'AFP Petelo Automalo, père de Manuolito Automalo, l'une des trois victimes, au cours de la suspension d'audience suivant la désignation des jurés.

"Je veux qu'il dise pourquoi il a tué nos enfants", a ajouté celui qui fait partie des 45 parties civiles majeures s'étant constituées pour ce procès, représentées par sept avocats.

"Les familles ici voudraient donner du sens à ce qui s'est passé, (...) malheureusement, rationaliser un acte qui ne l'est peut-être pas, c'est sans doute une mission impossible", a déclaré à la presse Me Pascal Rouiller, avocat de la famille de deux victimes, originaires de Wallis, devant la salle d'audience.

Outre ce triple homicide, l'accusé est jugé pour trois tentatives de meurtres et pour agressions sexuelles sur deux jeunes femmes, a rappelé le président de la cour.

-"Aucun souvenir"-

Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2022, sur une place animée d'Angers, un homme âgé d'une trentaine d'années, fortement alcoolisé, importune des passants, lance des insultes et commence à agresser sexuellement des jeunes filles, leur touchant les fesses.

Plusieurs garçons prennent la défense des jeunes filles et une bagarre éclate. L'agresseur reçoit coups de poing et de pied. Des pompiers arrivent mais il refuse d'être examiné. Les policiers, voyant que la situation s'est calmée et que les jeunes femmes ne veulent pas porter plainte, quittent l'esplanade.

Après le départ des secours, l'homme quitte les lieux en voiture et, environ une heure plus tard, peu avant 03h00, revient avec un couteau de 20 cm caché et tourne autour d'un groupe d'une trentaine de personnes.

Il tue alors trois jeunes hommes âgés de 16, 18 et 20 ans qui avaient été mêlés plus tôt à l'altercation et en blesse trois autres, selon l'accusation, s'appuyant notamment sur les images de vidéo-surveillance.

Le conseil de l'accusé, Me Charles-Alexis Garo, avait déclaré à l'AFP en amont du procès que son client venait "pour assumer ses responsabilités", précisant: "Il n'est pas dans le déni, sauf qu'il n'a aucun souvenir des événements".

"C'est une amnésie qui n'est ni factice ni utilitaire. Elle s'explique parce qu'il y avait une prise d'alcool assez importante le soir des faits et parce qu'il est aussi atteint d'un état de stress post-traumatique complexe", avait ajouté Me Garo.

Le suspect, placé en détention provisoire peu après les faits, est un Soudanais qui a fui le domicile familial en Afrique vers l'âge de 15 ans. Il dit avoir traversé la Libye et l'Italie et a échappé à plusieurs attaques terroristes avant d'arriver en France en 2016.

Le statut de réfugié, qu'il avait obtenu en avril 2018 avec carte de séjour valable dix ans, lui a été retiré sept mois après les faits.

Une expertise psychiatrique avait relevé une altération, au moment des faits, du discernement du suspect, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

L'examen de la personnalité de l'accusé est prévu dans l'après-midi, et le verdict est attendu le 10 octobre.

Par Benjamin MASSOT et Diane MERVEILLEUX / Rennes (France) (AFP) / © 2025 AFP

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