single.php

Le huis clos prononcé au procès de l'assassinat d'Antoine Sollacaro

Après avoir renvoyé lundi pour raison médicale le cas de Jacques Santoni, cerveau présumé de l'assassinat d'Antoine Sollacaro, la cour d'assises des Bouches-du-Rhône a prononcé mardi le huis clos pour la poursuite du procès.

Bertrand GUAY - AFP/Archives

Après avoir renvoyé lundi pour raison médicale le cas de Jacques Santoni, cerveau présumé de l'assassinat d'Antoine Sollacaro, la cour d'assises des Bouches-du-Rhône a prononcé mardi le huis clos pour la poursuite du procès.

Assurant que "ces six semaines d'audience pouvaient mettre gravement en danger la vie et la sécurité" de Patrick Giovanonni, premier repenti de France qui témoigne pour l'accusation et est également jugé pour son implication dans une tentative d'assassinat liée à cette affaire, la cour a répondu favorablement à cette demande de son avocat.

"La Corse a besoin de repentis", avait lancé lundi Me Laurent-Franck Liénard. "Tout l'édifice pour briser l'omerta va s'effondrer si vous le laissez à la vue de tous", avait insisté l'avocat du repenti, présent à l'audience et installé dos à la salle, et qui arbore un masque pour dissimuler son visage.

L'arme du crime n'ayant jamais été retrouvée et aucun ADN n'ayant permis de confondre les auteurs, la juge d'instruction s'est notamment appuyée dans son ordonnance de mise en accusation sur les déclarations de Patrick Giovannoni.

"Petite main" et gestionnaire du stock d'armes de la bande du Petit Bar selon les enquêteurs, il a affirmé avoir reçu les confidences de Jacques Santoni, chef présumé du gang, qui aurait déclaré après la mort de l'avocat: "C'est nous qui avons tapé". Il est également poursuivi pour association de malfaiteurs en vue de la préparation de la tentative d'assassinat de Charles Cervoni, jointe à l'affaire.

Le ministère public a soutenu le huis clos, estimant impossible de "prendre ce risque insupportable qu'il soit identifié". Sinon, "à l'avenir, je ne sais pas s'il y aura beaucoup de collaborateurs de justice", avait soutenu un des avocats généraux.

Des policiers et des experts légistes le 16 octobre 2012 devant une station-service d'Ajaccio, en Corse, après que l'avocat Antoine Sollacaro a été abattu dans sa voiture

Des policiers et des experts légistes le 16 octobre 2012 devant une station-service d'Ajaccio, en Corse, après que l'avocat Antoine Sollacaro a été abattu dans sa voiture

Pascal POCHARD-CASABIANCA - AFP/Archives

Mais la défense d'André Bachiolelli, accusé d'être le tireur qui a abattu Antoine Sollacaro le 16 octobre 2012, et les avocats des parties civiles y étaient opposés.

Pour Me Bruno Rebstock, avocat d'André Bacchiolelli, il n'y a "pas de menaces documentées" contre le repenti.

"Il faut que les gens sachent comment ça se passe", a argumenté Me Philippe Gatti, avocat de Charles Cervoni, victime de la tentative d'assassinat également jugée dans ce procès.

Pour les avocats de la famille Sollacaro, il était "indispensable que ce procès soit public pour fermer la porte aux suspicions et spéculations", selon les mots de Me Luc Febbraro.

- Raison médicale -

Cette décision de huis clos intervient au lendemain de celle de disjoindre le cas de Jacques Santoni, instigateur présumé de ce crime retentissant.

Tétraplégique depuis un accident de moto en 2003, il n'avait déjà pas comparu à ses derniers procès et n'est pas incarcéré malgré une peine de 13 ans de prison pour blanchiment prononcée en juin à Marseille. Lundi, il était absent.

Pour renvoyer son procès, la cour s'est fondée sur une expertise médicale qui avait conclu la semaine dernière à l'incompatibilité de son état de santé avec sa comparution.

L'accusation s'y était opposée, pointant un complément de l'expertise précisant qu'avec des aménagements importants - comparution un jour sur deux avec des audiences de quatre heures maximum -, l'accusé pouvait comparaître, notamment alité. "Nous pouvons décider de tenir un procès respectueux des droits de Jacques Santoni si tant est qu'il ait le courage de venir", avait assuré l'avocat général.

Les avocats des parties civiles, notamment de la veuve et des enfants d'Antoine Sollacaro, s'étaient également prononcés contre, estimant que Jacques Santoni cherchait à "organiser son immunité judiciaire" de façon "absolument scandaleuse".

L'assassinat d'Antoine Sollacaro, ancien bâtonnier d'Ajaccio, défenseur d'Yvan Colonna ou de l'ex-dirigeant nationaliste Alain Orsoni, avait été qualifié "d'onde de choc" par Christiane Taubira, alors ministre de la Justice.

Il avait été abattu de cinq balles dans la tête par des assaillants à moto alors qu'il venait d'acheter son journal comme tous les matins dans la même station-service d'Ajaccio.

Outre Jacques Santoni et André Bacchiolelli, un troisième homme, Mickaël Ettori, présenté par l'accusation comme un "proche lieutenant de Jacques Santoni", en fuite depuis 2020, sera "jugé par défaut" pendant ce procès. Les trois accusés nient les faits.

Par Maureen COFFLARD / Aix-en-Provence (AFP) / © 2025 AFP

L'info en continu
14H
13H
12H
11H
Revenir
au direct

À Suivre
/