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"Le gouvernement devra bien nous dire un jour quelle est sa vision de l’agriculture"

Par Benjamin Jeanjean

Porte-parole de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce jeudi.

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C’est un projet qui risque de faire parler longtemps dans le monde agricole. À Digoin (Saône-et-Loire), un centre de transit pouvant accueillir pas moins de 4000 bovins verra le jour, afin de préparer ces derniers à l’exportation sur le marché mondial. Invité du Grand Matin Sud Radio, le porte-parole de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel, ne cache pas sa surprise. "Il y a des trucs hallucinants : on va envoyer des animaux vivants en Chine. Au bout d’un moment, il faut savoir raison garder. Nous sommes en plein dans les États généraux de l’alimentation, initiés par Emmanuel Macron, où l’on dit qu’on va respecter le bien-être animal et faire des productions de qualité. Et à côté, on nous colle une usine où on va mettre 4000 animaux dedans pour les exporter au Maghreb, potentiellement en Chine même si c’est interdit... On est complètement à contre-courant de l’histoire de l’agriculture", s’étonne-t-il.

"Ces animaux seront ici pour être engraissés au Maghreb. Mais pourquoi ne les engraisse-t-on pas chez nous ? Il est assez aberrant qu’en France, on aille chercher à l’étranger une grande partie de la viande qu’on consomme parce qu’elle est de qualité, et qu’on exporte une grande partie de la viande qu’on produit car elle est plutôt de basse qualité ! On se dit qu’avec peut-être un peu de politiques publiques et de bon sens – un truc comme les États généraux, quoi ! – , on pourrait même en adéquation l’offre et la demande et accompagner ces producteurs non pas pour massifier l’offre et la concentration d’animaux, mais pour leur dire qu’ils auront moins d’animaux tout en étant payés plus pour pouvoir faire de la qualité", ajoute-t-il.

"On est en train de déblayer le truc mais on ne va rien changer"

Pour ce qui est des États généraux de l’alimentation, Laurent Pinatel s’agace du manque d’avancées concrètes dans les discussions. "Emmanuel Macron nous disait avant qu’il ne soit élu Président qu’il ferait un plan Marshall de l’agriculture. On va faire ci, on va faire ça... On est en plein cœur des États généraux de l’alimentation, hier encore j’ai eu deux réunions au ministère. Mais on a l’impression qu’on est en train de déblayer le truc mais qu’on ne va rien changer. Michel-Édouard Leclerc s’est plaint hier sur son blog, en disant que les États généraux, si c’est pour augmenter les prix à la consommation et augmenter le pouvoir d’achat des paysans, il n’en était pas question...", déclare-t-il avant d’exiger formellement une trace législative de ces États généraux. "Nous voulons qu’ils se terminent par une loi. Le bon vouloir de sermonner Leclerc ou les grands capitaines d’industrie de l’agroalimentaire n’ira pas loin. On ne va pas aller sur la culpabilisation, ces gens ne sortiront pas des réunions au ministère en se disant qu’ils ont trop la honte et qu’ils vont filer des ronds aux paysans. Il faut que le Parlement s’en saisisse et sorte une loi qui répartisse correctement les marges", demande-t-il. 

Sur le sujet du glyphosate, Laurent Pinatel regrette par ailleurs le manque de cohérence du gouvernement. "Nicolas Hulot et Stéphane Travert ne sont pas sur la même longueur d’onde. Il faudra bien un jour que le gouvernement nous dise quelle est sa vision politique de l’agriculture. Sur le glyphosate, il faut développer des alternatives. Il faut que l’État mette un budget pour donner les moyens aux paysans de travailler autrement", conclut-il.

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