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Après une réunion d’arbitrage ce matin à Matignon, le gouvernement va présenter demain son plan d’urgence pour les hôpitaux. Alors, Laurent, faut-il s’attendre à des « décisions fortes », comme l’a promis Emmanuel Macron ?
Nous jugerons sur pièce. Mais, dans l’immédiat, ce qui me frappe, ce sont les changements de pied perpétuels du gouvernement, comme s’il n’avait pas de doctrine, et se laissait ballotter au gré des événements.
Premier temps: il a joué les comptables, et mis en cause les hôpitaux publics en situation de déficits excessifs. Deuxième temps: face à la colère du monde hospitalier, il a admis que des mesures de soutien étaient nécessaires mais a fait valoir qu’une reprise par l’Etat de la dette des hôpitaux était absolument hors de question – c’est ce que Bercy disait jusqu'à la semaine dernière. Et voilà maintenant, troisième temps, que Bercy change encore d’avis et n’exclut plus une reprise de la dette des hôpitaux. En bref, il n’y a pas de cap : c’est la politique de la girouette… C’est d’ailleurs le troisième plan en moins de six mois.
Mais une reprise de la dette, ce serait une bonne idée ?
Bien sûr, ce serait une bonne idée. Car, avec des déficits annuels qui approchent 700 millions d’euros, et une dette qui avoisine 30 milliards d’euros, les hôpitaux publics sont en situation de faillite virtuelle. Donc, oui, sûrement, il faut effacer la dette. Mais il faudrait aussi empêcher que la dette se reforme aussitôt après. Or, c’est ce qui arrivera si le gouvernement continue d’asphyxier l’hôpital public. Pensez que pour 2020, l’objectif de progression des dépenses de santé pour l’hôpital été fixé à 2,1% alors que la hausse spontanée des dépenses serait de 3,5%. Ce qui obligera les hôpitaux à faire 800 millions d’économies. Bref, il faut des moyens supplémentaires pour l’hôpital. Pas seulement effacer la dette. Sortir des politiques d’austérité et refonder l’hôpital public.
Et vous doutez que le gouvernement veuille avancer en ce sens ?
Mon intuition, c’est qu’Emmanuel Macron n’a pas changé. Néolibéral il était, néo-libéral il est resté. Et donc ouvrir les vannes des déficits, il a cela en horreur. Mais je crois que la coagulation des colères – celles personnels hospitaliers, celles des gilets jaunes, des étudiants, des personnels de la SNCF ou de la RATP a créé un climat de panique dans les sommets du pouvoir. Et de cette panique, il y a des signes presque quotidiens. Avec la réforme des retraites qui prend l’eau ; avec l’abandon de l’ouverture des commerces en soirée. Et donc aussi avec la fin de l’austérité pour l’hôpital public.
En somme, Emmanuel Macron va pouvoir reprendre à son compte, la formule célèbre d’Edgar Faure : « Ce n’est pas la girouette qui tourne ; c’est le vent… »