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La Maison des mondes africains ouvre à Paris après une "lutte acharnée"

Nouveau lieu culturel voulu par Emmanuel Macron, la Maison des mondes africains MansA ouvre ses portes samedi à Paris après une "lutte acharnée" et avec l'ambition de "propager enfin la parole afro-descendante" soixante ans après les indépendances.

JOEL SAGET - AFP/Archives

Nouveau lieu culturel voulu par Emmanuel Macron, la Maison des mondes africains MansA ouvre ses portes samedi à Paris après une "lutte acharnée" et avec l'ambition de "propager enfin la parole afro-descendante" soixante ans après les indépendances.

"Je vais faire en sorte que ce soit historique et rien ne m'arrêtera", a déclaré vendredi Elisabeth Gomis, directrice générale de ce "laboratoire" pluridisciplinaire installé provisoirement dans un ancien atelier de confection du Xe arrondissement.

Cette Maison, qui aspire à terme à devenir le pendant pour l'Afrique de l'Institut du monde arabe, a été théorisée dans un rapport remis en 2021 au président Emmanuel Macron qui en a fait, depuis, un des axes de sa diplomatie culturelle en direction d'un continent où l'influence française est en recul.

Ancienne journaliste et réalisatrice, Elisabeth Gomis, 45 ans, ne nie pas cette filiation politique mais refuse qu'elle affaiblisse la raison d'être d'un lieu qui comble, selon elle, un "manque" dans la relation entre la France et le continent africain.

"Ca ne peut pas être effacé juste en disant: +C'était un projet d'Emmanuel Macron+", dit-elle à l'AFP. "Effectivement, la narration commence avec une demande politique. Mais sur le travail qu'on est en train de faire, il n'y a jamais eu d'ingérence de l'Élysée", assure Mme Gomis, qui pilote le projet depuis ses origines et selon qui MansA répond à une "urgence".

La directrice générale de la Maison des mondes africains MansA, Elisabeth Gomis, le 11 mars 2025, à Paris

La directrice générale de la Maison des mondes africains MansA, Elisabeth Gomis, le 11 mars 2025, à Paris

JOEL SAGET - AFP/Archives

"Le temps nous est compté", dit-elle. "Soixante ans après les indépendances (...) on va enfin avoir un lieu qui va accueillir, propager, mettre en lumière la parole afro-descendante", détaille-t-elle, convoquant aussi bien l'écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé que le rappeur américain Kendrick Lamar.

Pour son inauguration samedi, MansA a confié les clés à l'artiste française Roxane Mbanga, qui a transformé une partie des 800 m2 du lieu en salon intime et hybride où se mêlent tapisserie, vidéos et photos. "Le fait qu'un endroit comme MansA existe donne de l'espoir pour un pays et une génération", estime l'artiste.

- "Sans compromissions" -

Sa gestation a toutefois été très mouvementée. "C'est le fruit d'une lutte acharnée", résume Elisabeth Gomis.

Au printemps, l'ex-journaliste avait évoqué auprès de l'AFP ses "combats à l'intérieur de cette matrice qu'est l'administration française" pour trouver un point d'ancrage à MansA, placé sous la double tutelle de la Culture et des Affaires étrangères.

En 2024, l'idée défendue au ministère de la Culture d'implanter ce nouveau lieu à la Monnaie de Paris, institution du IXe siècle qui compte un musée et une usine de production de pièces, avait suscité une levée de boucliers et les récriminations de l'extrême droite.

La polémique avait failli avoir raison du projet mais une fois cette étape surmontée, Mme Gomis avait dû encore jouer des coudes et livrer bataille sur les moyens financiers, sur fond d'austérité budgétaire.

La directrice générale de la Maison des mondes africains MansA, Elisabeth Gomis, le 11 mars 2025, à Paris

La directrice générale de la Maison des mondes africains MansA, Elisabeth Gomis, le 11 mars 2025, à Paris

JOEL SAGET - AFP/Archives

MansA, qui se rêve en immense agora et dont l'accès est gratuit, a dû se rabattre sur des locaux plus exigus et composer avec un budget revu à la baisse, abondé à hauteur de deux millions d'euros par la Culture et cinq millions par les Affaires étrangères.

"On sait que ça va être dur et qu'il y a un effort financier à faire. Il est global et ce n'est pas uniquement pour MansA. Ca, on le respecte et on fera avec ce qu'on a", détaille Mme Gomis, qui va désormais mettre le cap sur le mécénat privé mais n'a pas renoncé à ses ambitions.

"Ça, c'est la première étape. On a l'ambition de s'agrandir, évidemment", promet-elle, affichant son credo: "Des compromis mais sans compromissions".

AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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