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Juliette Chevalier (UNICEF) : "Un enfant sur 5 vit en dessous du seuil de pauvreté en France"

Par Mathieu D'Hondt

Juliette Chevalier, directrice de la communication et porte-parole de l'UNICEF, était ce jeudi l'invitée de Dimitri Pavlenko dans le Grand matin Sud Radio.

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Dans un récent rapport consacré au développement, l’UNICEF indique qu’un enfant sur 5 vit dans la pauvreté et qu’un sur 8 est confronté à l’insécurité alimentaire dans les pays riches. La France n’est pas épargnée et fait même office de mauvaise élève. On en parle avec Juliette Chevalier, directrice de la communication et porte-parole de la fameuse agence des Nations unies consacrée à l’enfance.

Bonjour Juliette Chevalier, la France est la cinquième puissance mondiale et pourtant son bilan, en ce qui concerne la pauvreté des enfants, est très médiocre. Pouvez-nous nous expliquer ?

En effet, la France est la 5e puissance mondiale mais elle est classée aujourd’hui 19e sur 41 dans notre rapport et même en 15e position sur 37 en ce qui concerne la pauvreté des enfants. Donc c’est un résultat très médiocre et surtout durable puisque ça fait plus de 10 ans qu’on se situe à ce niveau avec 1 enfant sur 5 qui vit en dessous du seuil de pauvreté.

Cette pauvreté n’est pas que monétaire. Dans vos critères de développement, il y a aussi la faim, la santé, l’éducation et l’égalité entre les sexes. Dans ces catégories, la France s’en sort plus ou moins bien, n ‘est-ce pas ?

Tout à fait. Sur la pauvreté, il faut savoir qu’il y a plusieurs niveaux. Elle est ce qu’on appelle multidimensionnelle. Et là, en plus des 18 % d’enfants qui vivent dans une pauvreté monétaire, il y en a 31 % qui vivent dans une pauvreté à 2 dimensions, c’est-à-dire qu’ils sont à la fois privés de logement et d’un accès à l’éducation. C’est ça qui nous préoccupe le plus. Un autre aspect important pour la France, c’est que l’éducation et l’école n’arrivent pas à résorber les inégalités sociales et qu’elles ont même tendance à les accentuer. C’est quelque chose qui dure aussi, des mesures ont été prises mais elles doivent continuer à être assurées pour pouvoir lutter contre ces inégalités. L’école ne fait pas son travail sur ce plan là.

On constate que les enfants qui naissent dans les milieux aisés réussissent très bien à l’école et à l’opposé, la réussite n’est pas là. Ce qui est assez inquiétant pour l’avenir, n’est-ce pas ?

Oui et c’est pour ça que l’on a appelé ce rapport 'construire l’avenir', parce qu’on parle des enfants mais aussi de la jeunesse et sur ce plan là, la France se situe à la 34e position sur 40.

Autre chiffre inquiétant, celui des violences sexuelles commises par des adultes sur des filles âgées de moins de 15 ans et là, la France termine 26e sur 28. Cela pose la question de l’égalité entre les sexes.

Oui c’est un des objectifs du développement, l’égalité entre les sexes. Ce chiffre est toutefois à manier avec précaution parce qu’il date de 2012. Je rappelle que ce rapport est une compilation de données existantes, il y a eu un énorme travail pour mettre en relation l’ensemble de ces données mais on manque de données. Il faudrait réactualiser ce chiffre, c’est vrai qu’il est très étonnant et très préoccupant.

Où trouve-t-on ces enfants que vous qualifiez de "pauvres" dans ce rapport ? Et seconde question, quelle est la feuille de route pour le pays ?

Sur le plan du territoire, le rapport ne rentre pas dans des disparités géographiques. Nous, nous pointons justement la nécessité d’avoir des données pour répondre à votre question, car c’est le manque de données qui ne nous permet pas de mener des politiques publiques efficaces. Aujourd’hui, les ministres du gouvernement sont en train de construire leur feuille de route et pour chacun d’eux, les enfants et la jeunesse doivent être un objectif. Ça concerne à la fois la santé, l’éducation, mais aussi le logement, la justice et l’égalité entre les sexes.

>> Retrouvez l'intégralité du podcast de l'interview :

 

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