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Jean-Pierre Mas : "On était devenus des consommateurs boulimiques de tourisme"

Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Laurence Garcia et Benjamin Glaise le 22 mai 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Jean-Pierre Mas interviewé par Laurence Garcia et Benjamin Glaise sur Sud Radio le 22 mai 2020 à 7h40.

Le week-end de l’Ascension, occasion de faire un pont en posant le vendredi 22 mai 2020, a été, pour certains Français, le premier week-end de quatre jours depuis le déconfinement. Pas de quoi relancer le tourisme, selon Jean-Pierre Mas. "Ce week-end de l’Ascension on est partis à 100 km de chez soi ou dans le département" ."On ne peut pas dire que l’industrie du tourisme a repris ce week-end de l’Ascension".

 

La règle des 100 kilomètres "n’est pas facilement compréhensible"

"J’essaye de comprendre pourquoi [la règle des 100 km] a été mise en place". Pour Jean-Pierre Mas, elle n’est "pas facilement compréhensible". Sa mise en place a été faite "pour éviter les grandes concentrations de population sur des lieux touristiques très réputés", comme le Mont-Saint-Michel ou encore Nice. Au-delà de ça, "rester dans le département et ne pas aller au-delà de 100 km est un petit peu stupide", juge le président des Entreprises du Voyage.

"Ce dont on est à peu près sûr c’est qu’on pourra voyager cet été en France métropolitaine"

Pour cet été, les incertitudes restent. "Ce que nous essayons de faire, c’est de proposer des séjours en France métropolitaine parce que ce dont on est à peu près sûrs, c’est qu’on pourra voyager cet été en France métropolitaine". Les entreprises du tourisme et du voyage s’organisent donc en fonction de cette limitation liée à la crise sanitaire.

"On s’est engagés, si le lieu où les vacances étaient prévues n’était pas accessible en raison du Covid à la date prévue des vacances, à rembourser automatiquement et systématiquement les Français qui ont réservé les vacances dans les agences de voyage".

"On n’est pas du tout certains qu’on pourra aller de Métropole aux Antilles ou à la Réunion"

Pour les départs dans les DOM-TOM, Jean-Pierre Mas est plus circonspect malgré les annonces d’Édouard Philippe : "aujourd’hui, sur les départements d’outre-mer, nous n’avons aucune visibilité. On n’est pas du tout certains qu’on pourra aller de Métropole aux Antilles ou à la Réunion." Notamment, car en Outre-mer "il y a toujours des mesures de quatorzaine qui ne sont pas compatibles avec le tourisme".

L’année 2020 sera une "année catastrophique"

Pour le secteur du tourisme, l’année 2020 va certainement être très difficile. "On la voit comme une année catastrophique. On estime que le volume de chiffre d’affaires entre avril et décembre sera de 15% de ce qu’il était l’an dernier, c’est-à-dire une perte de chiffre d’affaires de 85%".

Et si le secteur a bénéficié de mesures de soutien et d’aides de la part du gouvernement, ainsi que le plan de 18 milliards d’euros annoncé récemment, "certaines de ces mesures, une partie de ce plan, ne font que reporter les échéances". "Le prêt garanti par l’État va donner de l’oxygène en matière de trésorerie. Un jour, il faudra le rembourser. Tous les reports d’échéances, les reports d’échéances bancaires, il faudra quand même les payer".

"La crise va changer nos habitudes de voyage"

"Le tourisme cette année va souffrir. Il n’y a pas de doutes". Pour autant, sur le long terme, le tourisme "va continuer sa progression" car les gens vont continuer de vouloir partir en voyage. "Il faut passer cette mauvaise crise".

"On en a passées d’autres", estime le président des Entreprises du Voyage, comme le 11 septembre, le Printemps Arabe. Pour autant, "celle-ci est particulièrement violente et absolument mondiale". Une crise que le secteur "a les capacités de passer".

"Le tourisme va peut-être se réinventer avec des comportements légèrement différents", estime-t-il. "La crise va changer nos habitudes de voyage" ; l’avion en particulier, était une source de honte à cause de son impact écologique avant la crise et est devenu une source de peur. "Comme le voyage est devenu interdit ça va devenir quelque chose de précieux". "Peut-être partira-t-on moins souvent et partira-t-on plus longtemps".

Jean-Pierre Mas voit, dans l’avenir, "des vacances un peu plus orientées vers la découverte, vers la recherche de l’autre voire même la recherche de soi-même". "Je pense que le mode de vacances va changer".

"On était devenus des consommateurs boulimiques de tourisme"

Sous contrainte, cette année "on va découvrir les richesses de la France, elles sont immenses et elles sont multiples et on va y prendre beaucoup de plaisir". Mais cela n’empêchera pas de vouloir "repartir loin l’an prochain, mais de façon un petit peu différente". "On était devenus des consommateurs boulimiques de tourisme".

Jean-Pierre Mas estime qu’on "va être plus sélectifs dans la destination" et fait une comparaison "au lieu d’aller au MacDo tous les jours, on va peut-être aller une fois par semaine dans un restaurant un peu plus chic".

"Le chèque vacance est une très bonne idée"

Depuis des décennies, les Français peuvent financer tout ou partie de leurs voyages en chèques vacances. "Le chèque vacance est une très bonne idée" pour le président des Entreprises du Voyage, car il permet à des populations de partir en vacances alors qu’elles ne pourraient peut-être pas se le permettre. "Le gouvernement réfléchit à l’idée d’abonder le chèque vacance en créant un chèque vacance tourisme avec l’aide des Régions", explique le président des Entreprises du Voyage.

Ce nouveau chèque vacance tourisme aura "des cibles qui peuvent être différentes selon les Régions" : certaines les destineront aux populations les plus défavorisées, d’autres aux personnes qui ont aidé à lutter contre la pandémie.

"La semaine de 4 jours n’est pas une solution"

En Nouvelle-Zélande, le gouvernement veut relancer le tourisme en instaurant une semaine de quatre jours, afin de donner des week-ends de trois jours. "Il faut aussi relancer l’économie, tout en privilégiant la santé". "La tendance est d’allonger la durée des vacances tout en réduisant leur fréquence." Pour Jean-Pierre Mas, "la semaine de 4 jours n’est pas une solution", notamment car elle ne "relancera que le tourisme de proximité".


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