Sur le visage de Julien, il reste des stigmates de son agression, quelques balafres au-dessus du sourcil.
La scène s’est déroulée le 22 septembre à 4h45, dans le 6e arrondissement de Paris : "Un groupe conséquent de jeunes était en train de violenter une femme. On était deux, on est intervenu. J’ai été pris à partie par plusieurs individus, lynché publiquement au milieu de la rue. Ils ont clairement pris ma tête pour un ballon de foot. J’ai vraiment eu peur d’y rester."
Les séquelles sont graves. Julien n’a toujours pas repris le travail : "C’est quand même quelque chose qui m’a coûté une intervention chirurgicale. Ça a également failli me coûter la perte de mon œil. J’ai eu beaucoup de chance."
Et aujourd'hui, à cause de ces séquelles, notamment des problèmes de vision, c’est son avenir dans la police qui est menacé : "Je pourrais être interdit de voie publique, être affecté dans un bureau. Ça pourrait aussi être une révocation..."
Le plus difficile, pour Julien, c’est la solitude. Il ne se sent pas soutenu : "Vous êtes seul à vous déplacer dans tout Paris pour vous faire soigner, vous êtes seul pour faire les démarches administratives, vous êtes seul pour faire les démarches judiciaires..."
Julien reste très choqué par cette agression et sa vision sur le métier de policier a changé : "Est-ce que je reprends une vie civile, à l’écart de tout ça, à ne pas être inquiété, à faire comme M. et Mme Tout le monde, à fermer mes volets quand il se passe quelque chose et, au final, être serein ? Ou est-ce que je continue un métier qui me tient à cœur, que je fais par vocation ? Moralement, ça reste assez lourd."
Le cas de Julien n’est pas isolé. Chaque jour, 14 agents sont blessés dans l’exercice de leurs fonctions.
Propos recueillis par Clément Bargain pour Sud Radio