Reportage Sud Radio de Lionel Maillet
L’école de sa fille est fermée depuis le début de semaine à cause du Covid: le cauchemar recommence pour Nadia et sa fille, qui avaient déjà très mal vécu la fermeture des écoles il y a un an. "Des crises, des angoisses, des cauchemars la nuit, elle se mange les doigts, a toujours peur de ne plus revoir ses copains, de pas réussir. Elle me parle de son avenir, elle n'a que sept ans et demi et me dit: Maman, plus tard je vais finir à l'usine, parce-que je vais plus à l'école, l'école s'arrête tout le temps..." Tout le monde ne peut pas faire du télétravail ou se mettre au chômage partiel pour garder les enfants pendant trois semaines, déplore Séverine Gil, présidente de MPE13, le Mouvement des Parents d’Elèves des Bouches-du-Rhône: "Vu la situation sanitaire, on n'ose pas demander de l'aide à d'autres parents ou de la famille, de peur que nos enfants contaminent des adultes s'ils sont positifs." Dans le premier degré, les cours en distanciel prévus la semaine prochaine vont surtout se résumer à des devoirs à la maison, explique Virginie Akliouat la secrétaire départementale du syndicat SNUIPP. "Rien n'a été anticipé ni créé en terme d'outils informatique pour les plus défavorisés. Donc on va se retrouver dans la même situation qu'en mars dernier, et c'est une catastrophe." À Marseille où les fermetures de classe se multiplient, les enseignants se disent malgré tout soulagés. Beaucoup commençaient à sérieusement s’inquiéter pour leur santé.
"Je suis vraiment seule avec ma fille, pas de solution de garde au pied levé. On est maman, et maîtresse tard le soir après le travail et le repas... Ou très tôt le matin."
"On est loin du compte"
Les équipes de direction des écoles vont avoir du travail pour s’organiser. Comment faire pour mettre en place les cours à distance la semaine prochaine ? "On va essayer de faire vite. Nous avons déjà une expérience sur le sujet, mais c’est difficile, confie Bruno Bobkiewicz, proviseur de la cité scolaire Berlioz à Vincennes. En 48 heures, il faut réorganiser complètement l’enseignement, caler cela avec les équipes pédagogiques."
Est ce que cette fermeture tombe bien ? Une partie du programme a-t-elle été bouclée ? "Cela ne tombe jamais bien. Si on dit que l’on a fini le programme fin mars, il faut démarrer les grandes vacances fin mars ! Surtout dans une période où les perturbations sont déjà importantes depuis novembre. On est loin du compte."
"De la distribution de travail avant de partir"
Cette décision de fermeture des écoles était attendue, car les établissements devenaient de plus en plus complexes à gérer, notamment avec la hausse des cas de contamination. "C’est une décision à laquelle on s’attendait, effectivement. On ne la souhaitait pas objectivement, mais cela pose de nombreuses difficultés. Cela fragilise les élèves les plus faibles. Mais c’était une décision prévisible, vu la pression forte mise par le corps médial depuis quelque temps."
Pour ne pas décrocher, va-t-on demander aux enseignants de donner beaucoup de devoirs ? "Ils vont faire ce qu’il faut, de la distribution de travail avant de partir, des outils de visio, des environnements numériques de travail. Les enseignants vont évidemment se mobiliser et s’adapter."
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