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Eva Darlan : "Il y a une volonté politique de ne pas s'impliquer dans la cause des femmes"

Par La Rédaction

Eva Darlan, comédienne, co-organisatrice des rassemblements contre les violences faites aux femmes était l’invitée du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le vendredi 27 décembre sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Éva Darlan interviewée par Patrick Roger sur Sud Radio le vendredi 27 décembre à 7h40.

Marraine du mouvement féministe Ni putes ni soumises, présidente du comité de soutien à Jacqueline Sauvage en 2016, la comédienne Eva Darlan n'a de cesse de défendre l'égalité homme-femme et de dénoncer les féminicides. Un long combat, aux bénéfices mitigés. "Ce qui avance c'est l'information du public, plus personne ne peut dire 'je ne savais pas'", se félicite la comédienne, chez qui le grenelle sur les violences faites aux femmes n'a pas trouvé grâce à ses yeux.

Un état des lieux "terrible"

Pour Eva Darlan, "la situation des femmes en France est terrible d'une façon générale". "Depuis le temps que l'on est dans les rues, que l'on crie, que l'on a demandé le droit de vote, le droit au travail, l'avortement... Regardez ce qui se passe avec les retraites", avance-t-elle. Effectivement, la réforme des retraites n'emballe pas non plus les féministes. "Les femmes sont les personnes les plus pauvres du pays, car nous ne travaillons pas tout le temps, les salaires sont inégaux, nos postes subalternes. Les retraites des femmes sont misérables et elles vont morfler davantage", prédit la comédienne pour qui cette réforme est "une paupérisation annoncée de la situation des femmes". 

La tenue du grenelle sur les violences faites aux femmes en novembre 2019 n'a pas non plus eut les effets escomptés pour Éva Darlan. "Le grenelle n'aurait jamais dû exister parce que l'on savait, au moment où il y a eu une flambée de féminicide", accuse-t-elle. "Au lieu de s'attaquer au problème et de travailler avec nous, ces personnes ont décidé de faire un grenelle qui de toute façon n'aurait abouti à rien car il fallait à ce moment là simplement faire appliquer les lois existantes", continue la comédienne. Pour elle, les mesures proposées à la sortie de la discussion sont "des microbes". Éva Darlan rappelle que "pendant ce temps là, des femmes sont mortes parce que les lois n'ont pas été appliquées au moment du grenelle, à cause de ces gens-là".

La justice dans le viseur des féministes

Ses accusations se tournent en partie vers les forces de l'ordre et les magistrats, même si, "par la pression populaire, ils seront davantage sensibilisés". "Combien de femmes sont mortes après avoir déposé une, deux, trois, dix plaintes ? La police, la gendarmerie, les magistrats ne font pas leur travail, ils devraient être sanctionnés, ils ne le sont pas", dénonce-t-elle. Si, pour Éva Darlan, "des magistrats sont responsables de la mort des femmes", elle pointe également la hiérarchie, "les pouvoirs publics, Marlène Schiappa, Édouard Philippe ou Emmanuel Macron qui a osé dire que c'était la grande cause nationale alors qu'il n'en a rien à foutre du tout", estime l'artiste.

Marlène Schiappa est particulièrement pointée du doigt par Éva Darlan. "Pendant que le député LR Aurélien Pradié proposait une loi contre les violences, Schiappa était ailleurs", rappelle-t-elle. Elle juge que la secrétaire d'État chargée de l'égalité homme-femme "défend sa cause en faisant des annonces jamais suivies des faits".

Un plan d'un milliard pour stopper les violences ?

Pour répondre véritablement aux féminicides, Éva Darlan demande un plan "d'un milliard d'euros sur cinq ans pour construire des hébergements, des centres de rééducation pour les hommes, pour mettre les enfants à l'abri". Un plan qui ne serait pas expansif d'après elle, puisque les violences conjugales "coûtent 3,6 milliards d'euros à l'État chaque année". "Nous, on demande 1 milliard qui nous est refusé", déplore la comédienne qui pointe "une volonté politique de ne pas s'impliquer dans la cause des femmes, par paresse".

Le combat continue pour les féministes. Éva Darlan rappelle que "1% des violeurs seulement sont condamnés", mais aussi qu'il existe d'autres formes de maltraitance : "rabaisser en permanence, rendre les femmes esclaves, les interdire de travailler, les tenir économiquement". "Nous y sommes toutes passées plus ou moins", rappelle-t-elle. Bien que "très pessimiste", la comédienne appelle "à s'engager, à militer". "Petit à petit on a réussi à avoir des choses", se réjouit-elle. "Mais au nom de quoi ne sommes-nous pas payées la mêmes chose ?", s'insurge-t-elle.

Alors, c'est sur les jeunes générations que la comédienne compte. "Dans la manifestation organisée avec Nous Toutes, il y avait beaucoup de jeunes, c'est formidable", s'enthousiaste-t-elle. Mais cela ne suffit pas. "Il faut que les hommes soient avec nous, ça va leur faire un bien fou que l'on soit tous égaux", invite Éva Darlan.

Cliquez ici pour écouter "L’invité politique" avec Patrick Roger

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