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En Asie, Macron appelle à de "nouvelles coalitions" face aux superpuissances

Emmanuel Macron a appelé vendredi à "bâtir de nouvelles alliances" basées sur le droit et à refuser le "deux poids deux mesures", face au règne de la force et des superpuissances, lors du principal forum asiatique de défense et de sécurité à Singapour.

Ludovic MARIN - AFP

Emmanuel Macron a appelé vendredi à "bâtir de nouvelles alliances" basées sur le droit et à refuser le "deux poids deux mesures", face au règne de la force et des superpuissances, lors du principal forum asiatique de défense et de sécurité à Singapour.

"Nous sommes confrontés au défi de pays révisionnistes qui veulent imposer, au nom de sphères d'influence, des sphères de coercition", a déclaré le président français au Shangri-La Dialogue.

Un discours très offensif à l'égard de la Chine, clairement pointée du doigt pour ses revendications territoriales et sur Taïwan, comme pour son rôle dans la sécurité régionale, alors que, pour la première fois depuis 2019, elle n'envoie pas de responsable de haut niveau à ce forum.

Mais aussi, plus implicitement, à l'égard des Etats-Unis, alors que le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, l'écoutait dans le salon de l'hôtel singapourien qui accueille la réunion avant de s'y exprimer samedi matin.

Dans ce contexte, "bâtissons une nouvelle alliance positive entre l'Europe et l'Asie, fondée sur nos normes communes, sur nos principes communs", de "nouvelles coalitions" pour le "libre-échange" et un "ordre fondé sur le droit", de façon à ne pas être "les victimes collatérales" des "décisions prises par les superpuissances", a lancé le chef d'Etat français.

- "Devoir moral" -

Premier dirigeant européen invité à tenir le discours d'ouverture du Shangri-La Dialogue, dont la 22e édition se tient jusqu'à dimanche, Emmanuel Macron a tenté d'asseoir la crédibilité de son appel en assurant, d'emblée, que la France et l'Europe ne pratiquent pas le "deux poids deux mesures". Une manière de balayer le reproche qui est souvent fait aux Occidentaux, accusés de s'engager massivement en faveur de l'Ukraine face à la Russie et moins dans d'autres conflits, à commencer par celui de Gaza.

"Si nous considérons que la Russie peut être autorisée à s'emparer d'une partie du territoire de l'Ukraine sans restriction, sans contrainte, sans réaction de l'ordre mondial, que dira-t-on au sujet de ce qui pourrait se passer à Taïwan", a-t-il lancé dans un avertissement particulièrement ferme à Pékin, qui semble traduire la crainte de voire la Chine affirmer de manière plus offensive sa volonté d'annexer l'île qu'elle considère comme partie de son territoire.

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours à l'ouverture du Shangri-La Dialogue Summit à Singapour, le 30 mai 2025

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours à l'ouverture du Shangri-La Dialogue Summit à Singapour, le 30 mai 2025

Ludovic MARIN - AFP

A ce sujet, il a aussi rappelé les autorités chinoises à ce qu'il considère être leur rôle dans la sécurité internationale.

"Si la Chine ne veut pas que l'Otan soit impliquée en Asie du Sud-Est ou en Asie, elle doit empêcher clairement la Corée du Nord d'être impliquée sur le sol européen", où elle a déployé des soldats contre l'Ukraine aux côtés de la Russie, a-t-il affirmé.

Plus tôt vendredi à Singapour, Emmanuel Macron avait estimé que la décision ou non de sanctionner la Russie si elle refuse un cessez-le-feu en Ukraine était un "test de crédibilité" pour les Etats-Unis de Donald Trump.

Mais le président français a également estimé vendredi soir que si les Occidentaux "abandonnent Gaza" et "laissent faire Israël", ils risquent de "perdre toute crédibilité à l'égard du reste du monde".

"C'est pourquoi nous rejetons le deux poids deux mesures", a-t-il martelé au Shangri-La Dialogue, point d'orgue d'une tournée en Asie du Sud-Est qui l'a conduit au Vietnam et en Indonésie pour proposer une troisième voie entre Washington et Pékin.

Le matin, il avait estimé que les Européens devaient "durcir" leur position contre Israël, et "appliquer des sanctions", faute de "réponse" humanitaire.

Il a également jugé que la reconnaissance d'un Etat palestinien n'était "pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique", tout en énumérant plusieurs conditions pour franchir le pas, avant une conférence à l'ONU sur le sujet à laquelle il participera le 18 juin.

En réponse, le ministère israélien des Affaires étrangères l'a accusé vendredi d'être en "croisade contre l'Etat juif", après qu'il a demandé à la communauté internationale à durcir sa position à l'égard d'Israël si la situation humanitaire à Gaza ne s'améliorait pas.

Par Francesco FONTEMAGGI, Philippe SCHWAB / Singapour (AFP) / © 2025 AFP

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