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Élisabeth Lévy - "Pas de Pierre là où les boucheries sont halal et les femmes voilées"

Alors que le président de la République se rendait mardi à Montpellier pour évoquer des mesures contre l'insécurité, une femme a déploré en direct et devant les caméras, l'absence de mixité sociale dans son quartier, à la Mosson. Son fils n'a jamais fréquenté d'enfant de son âge s'appelant "Pierre". Tout un symbole.

La scène paraît lunaire : une femme semble apprendre à Emmanuel Macron qu'il y a peu, voire pas du tout, de mixité sociale, dans le quartier de la Mosson. (Photo de Guillaume Horcajuelo / AFP)

Parlons de cette mère qui regrette qu’il n’y ait pas de Pierre dans son quartier...

En visite à Montpellier, Emmanuel Macron a été interpellé par Naima Amadou : son fils lui aurait demandé s’il y a des gens qui s’appellent Pierre ou si c’est seulement dans les livres, « tellement il y a un manque de mixité dans le quartier ». Comme le président de la République est resté coi, je voudrais répondre à cette aimable dame. 

Son constat est indiscutable. C’est aussi à Montpellier qu’une association réclamait des blonds dans les classes. Des blonds, des Pierre, des Gaulois, des “Blancos” dirait Valls, il y en a de moins en moins dans les quartiers, comme on dit pudiquement. Le vivre-ensemble, c’est chacun chez soi.

Au passage, quand Robert Ménard observe qu’il y a une majorité d’enfants musulmans dans les écoles de Béziers, on hurle au comptage et au racisme. Mais Naïma a le droit, le droit de le voir et de le déplorer. 

Mais a-t-elle raison ? 

Oui. À son échelle, elle lutte contre l’entre-soi et ça doit être salué. Elle a même inscrit sa fille à l’école catholique. 

Reste à savoir pourquoi il n’y a plus de Pierre. Personne n’a décidé de faire des ghettos. Peut-être est-ce parce qu’elle n’a pas eu l’idée d’appeler son fils Pierre. Ni elle ni aucun de ses voisins. Elle se rappelle la banlieue de son enfance (et de la mienne aussi), quand celle-ci était mélangée socialement et ethniquement. Seulement, il y avait un modèle culturel dominant. Ensuite, l’immigration massive, le blocage de l’ascenseur social, et la faillite de l’intégration sont venus s’agréger. Ajoutez l’islamisation et la délinquance. Les classes moyennes de toutes origines sont parties, puis les prolétaires blancs dans l’intermonde qu’on appelle « France périphérique ». Dans le livre éponyme de Christophe Guilluy, on observe tout bonnement que les gens ne veulent pas être minoritaires chez eux.

Résultat, une deuxième société s’installe, qui vit avec ses propres codes culturels et ses propres règles. Les boucheries sont halal et les femmes voilées. On s’appelle “frère” ou “cousin” et on appelle ses autres compatriotes “les Français”. Dans les quartiers où il n’y a pas de Pierre, on ne peut pas se promener en mini-jupe, boire une bière ou manger une glace pendant le ramadan. Bref, pour beaucoup de gens, ce n’est plus vraiment la France. Les traiter de racistes n’y changera rien.

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