Une peine de 18 ans de réclusion criminelle a été requise mardi devant la cour d'assises d'appel de Créteil à l'encontre de Salim Berrada, "le violeur de Tinder" accusé de viols et agressions sexuelles par 17 femmes.
La peine requise se justifie, selon l'avocat général Christophe Auger, par la "gravité des faits" et le "positionnement" de M. Berrada qui nie tout, arguant que les relations avec ces femmes étaient consenties ou n'ont pas existé.
Debout à son pupitre, M. Auger s'est adressé pendant plus de trois heures à l'accusé, prostré dans son box vitré, lunettes rectangulaires sur le nez.
Ce dernier, un ex-photographe marocain aujourd'hui âgé de 40 ans, est accusé d'avoir violé ou agressé sexuellement 17 femmes entre 2014 et 2016, après les avoir attirées chez lui via des messages sur les réseaux sociaux ou sites de rencontre, prétextant une séance photo.
"Vous êtes en réalité un serial violeur et c'est ce pourquoi vous serez condamné", a asséné le magistrat à M. Berrada qui n'a pas fui son regard mais a peu réagi pendant les réquisitions, remuant discrètement la tête de gauche à droite parfois en signe de désaccord.
"Vous n'avez pas respecté leur liberté de consentir à une relation sexuelle", lui a lancé l'avocat général. "Il n'y a que vous qui pensez que vous n'avez rien fait M. Berrada. Vous seul."
Anticipant les arguments des avocats de la défense, qui doivent plaider mercredi, l'avocat général a insisté: dans ce dossier, ce n'est "d'aucune façon la parole des uns contre celle des autres".
"Elles ne vous ont jamais revu. Aucune d'elles n'est devenue votre amie", poursuit-il. "Elles attendaient un début de reconnaissance des faits (...) Cela participait à leur reconstruction."
L'avocat général a par ailleurs requis une interdiction définitive du territoire français contre M. Berrada.
- "Abîmées" -
Plus tôt mardi, les avocates des 17 parties civiles se sont succédé à la barre, priant la cour de rendre justice à ces femmes dont elles ont loué la "bravoure" et le "courage".
"J'aimerais pouvoir leur dire (...) que ce tiers de vie qui leur a été volé n'a pas été vain", a insisté Marjolaine Vignola, avocate de trois de ces victimes présumées.
"Que si la justice les a abîmées, elle peut aussi remettre les choses à l'endroit", a-t-elle ajouté, après avoir brossé le portrait d'un homme qui n'est "ni addict au sexe, ni à la séduction" mais "accroc au viol et à la domination".
"Il y a des blessures que l'on ne voit pas mais que l'on porte toute une vie", enchaîne Camille Martini, avocate d'une autre plaignante. Le viol, souligne-t-elle, "c'est une expression de pouvoir, une arme de destruction".
En première instance, la cour criminelle de Paris avait reconnu coupable M. Berrada de 12 viols et trois agressions sexuelles. Pour deux autres plaignantes, elle l'avait acquitté. Il s'était vu infliger une peine de 18 ans de réclusion criminelle, assortie d'une obligation de quitter le territoire.
Le verdict de son procès en appel est attendu jeudi soir. Il encourt 20 ans de réclusion.
Par Romane ROSSET / Créteil (AFP) / © 2025 AFP