C'est une "première en France", a fustigé Stéphane Goudet, directeur du cinéma Le Méliès à Montreuil, dans un post sur Facebook.
Mardi soir, lors d'un conseil de territoire, Gérard Cosme, le président PS de la collectivité Est Ensemble, qui regroupe neuf villes de Seine-Saint-Denis, avait annoncé sa décision de "déprogrammer" le film en raison de la nouvelle accusation de viol portée contre son réalisateur.
Cette décision, soutenue par des élus de droite et de gauche, doit être soumise mercredi aux directeurs des six cinémas concernés qui ont la possibilité de ne pas l'appliquer.
"Nous demandons dès à présent à nos élus la liste des cinéastes dont nous n'aurons plus le droit de programmer les films et la définition de leurs critères", a poursuivi le directeur du Méliès. "Un comité de vérification de la moralité des artistes programmés est-il prévu, puisque la liberté individuelle des spectateurs n'est pas suffisante ?"
"Nous souhaitons également savoir quel sort sera réservé aux écrivains et peintres condamnés pour crimes dans les bibliothèques d'Est Ensemble", a-t-il ajouté. "Selon toute vraisemblance, les livres de Céline et Althusser, les DVD de Max Linder, Brisseau, voire Woody Allen (plus besoin ici de décision de justice), les disques de Michael Jackson et les ouvrages sur Le Caravage et Gauguin devraient être retirés des rayonnages".
Dans un post Facebook, le maire PCF de Montreuil, Patrice Bessac, a lui aussi dénoncé "une décision regrettable et contestable".
"Certains des cinémas à l'instar du Méliès (...) avaient fait le choix, juste, du débat et de la sensibilisation plutôt que celui de la censure", a-t-il dit, ajoutant que la projection du film devait être accompagnée de débats avec des associations féministes.
"Je suis également profondément convaincue que jamais la censure d'une œuvre ne plaidera pour quelque cause que ce soit", a également déclaré Alexie Lorca, adjointe à la culture de la ville.