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Commerce : "ça sera une très mauvaise année"

Christian Beaulme et Emmanuel Le Roch reviennent sur la fermeture des magasins non-essentiels en novembre 2020 sur Sud Radio.

Les commerçants français ont été contraints de fermer en novembre 2020 durant le deuxième confinement. (Photo by Martin BUREAU / AFP)

Durant la crise sanitaire et les deux confinements, certains commerçants ont dû fermer leurs portes car jugés "non-essentiels". De quoi faire craindre de nombreuses fermetures en 2021 à cause des pertes de chiffre d’affaires et de revenus. La crise a néanmoins changé certaines habitudes de consommation des Français qui se sont tournés vers le local ou encore l’artisanat, ce qui peut être une bonne nouvelle.

Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos (fédération du commerce spécialisé), et Christian Beaulme, président de la Ronde des quartiers de Bordeaux, sont les invités de Benjamin Glaise le 30 décembre 2020 pour discuter de l’impact de la crise sanitaire sur les petits commerces.

 

"Il nous manque cette clientèle des touristes locaux"

Les fêtes de décembre, Noël et le Réveillon, ont été une bouffée d’air pour les commerces, par ailleurs autorisés à ouvrir tous les dimanches. Les clients "ont été au rendez-vous", souligne Christian Beaulme. Toutefois, "ça reste, dans les métropoles, des clients métropolitains : il nous manque cette clientèle des touristes locaux, c’est à dire les touristes des villes avoisinantes". Le président de la Ronde des quartiers de Bordeaux explique que dans les villes moyennes, il y a eu une progression du chiffre d’affaires en décembre 2020 mais que dans les grandes métropoles, "les chiffres sont plutôt stagnants voire à la baisse". "C’est le paradoxe de cette époque", explique-t-il : les très grandes villes, généralement attractives, "sont à la traîne".

 

Commerce : "ça sera une très mauvaise année".

Lors du premier confinement, un retour aux produits locaux et aux commerces de proximité et de centre-ville s’est opéré en France. "Pour tout ce qui concerne l’alimentaire, c’est vrai", précise Christian Beaulme : ce changement d’habitude s’est maintenu chez les Français. "L’approvisionnement local est assez simple : il fonctionnait, il a doublé voire triplé de volume." Par contre, "en matière d’habillement, en matière de mode", la situation est différente, en particulier car la production est très limitée voire inexistante. "Là, on ne peut pas compter dessus."

Lors du deuxième confinement, malgré tout, la situation est moins catastrophique que lors du premier : "les chiffres, c’est pas du moins 50% comme à la sortie du premier confinement", déclare le président de la Ronde des quartiers de Bordeaux. "On a réussi, pas à rattraper le retard, mais on a empêché que se creuse une cascade vertigineuse sur la baisse de chiffre d’affaires." Toutefois, "la disparité locale est très importante", entre les grandes surfaces, par exemple, et les petits commerces situés en dehors des zones très commerçantes. "Mais, globalement, on a le sentiment que ça n’est pas la Bérézina telle qu’on le croyait." Pour autant, "ça sera une très mauvaise année".

 

"Un mois total fermé, forcément, c’est compliqué"

Pour Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos, la situation est tout autant mitigée : "ce qu’on peut dire, c’est que les Français sont allés consommer" ce qui est une bonne nouvelle puisqu’il y avait une inquiétude "sur le fait que les gens ne veuillent pas du tout se déplacer en magasin". Ainsi, "on a vu des clients dans les magasins" ; mais "on n’est pas dans une situation normale", explique Emmanuel Le Roch, avec "des écarts" qui ont bien été ressentis.

Pour ce qui est de "consommer différemment", le délégué général de Procos souligne qu’il y a "un certain nombre de tendances qui existent, qui existaient avant la Covid" qui se sont "poursuivies". Une tendance qui est néanmoins "un pourcentage relativement faible, malgré tout, de personnes".

Autre bonne nouvelle : les clients sont bel-et-bien revenus. "Le problème, c’est que évidemment, ça a été contraint par la jauge", ce qui a empêché d’avoir autant de clients qu’auparavant, "et puis surtout, une espèce de logique qui est malgré tout sanitaire qui est de ne pas aller dans les lieux où il y a trop de monde". Pour Emmanuel Le Roch, c’est "un réflexe" qui a pénalisé "un certain nombre de grands centre-ville et un certain nombre de grands centres commerciaux, au profit, parfois, d’une plus grande proximité". Ces bonnes nouvelles, "ça ne rattrape pas, évidemment, les pertes de chiffre d’affaires" du mois de novembre. "Un mois total fermé, forcément, c’est compliqué."

 

"Je crois que les salariés ont été solidaires, même des patrons"

Les fêtes de fin d’année sont généralement l’occasion, pour le secteur du commerce, d’embaucher des intérimaires et contrats courts pour faire face à l’afflux de clients. En 2020, ça n’aura pas été le cas, constate Christian Beaulme : "je suis catégorique : non !" "Les gens ont fait avec leurs moyens", explique-t-il, ce qui aura permis "à leurs salariés de faire des heures supplémentaires ou des heures complémentaires, pour les heures perdues durant toutes les périodes où on a été fermés".

Il souligne que non seulement "ça fait une compensation" pour les salariés qui, placés au chômage partiel, ont vu leur rémunération baissé, mais également que "ça coûte moins cher que devoir embaucher des gens en temporaire". Le problème pour embaucher était également lié à la "temporalité" qui restait floue. "On s’est un peu pris les pieds dans le tapis, en termes d’embauches, donc on ne l’a pas fait, mais on a travaillé beaucoup plus." Certains indépendants ont toutefois dû travailler 12 heures par jour sept jour sur sept : "quand il y a le feu, il faut l’éteindre, donc on y va". Mais même dans les grandes enseignes, "il n’y a pas eu d’embauches spectaculaires dans cette période". "Je crois que les salariés ont été solidaires, même des patrons."

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