Nouveau chapitre dans une enquête qui passionne la planète: le quatrième membre présumé du commando du casse du Louvre doit être présenté à la justice jeudi soir, tandis que les trois autres personnes interpellées avec lui mardi doivent sortir de garde à vue.
Un mois après le casse spectaculaire, les bijoux, estimés à 88 millions d'euros, sont toujours dans la nature. Tout comme les commanditaires. En revanche, le quatuor suspecté d'être à la manoeuvre le 19 octobre est désormais entre les mains de la justice, comme l'ont indiqué des sources proches du dossier à l'AFP jeudi soir.
Le dernier membre du commando recherché, originaire de Seine-Saint-Denis, fait partie des quatre personnes interpellées mardi dans le cadre de cette affaire. Il a été arrêté mardi matin sur un chantier à Laval (Mayenne), selon une source proche du dossier.
Les gardes à vue des trois autres personnes interpellées vont être levées, ont ajouté les sources proches du dossier.
Avant ce dernier coup de filet mardi, les enquêteurs de la Brigade de répression du banditisme (BRB) de la police judiciaire parisienne et l'Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC) avaient pu interpeller, en deux mouvements, trois des quatre membres présumés de l'équipe de cambrioleurs.
- Monte-charge -
Parmi les suspects déjà sous les verrous, trois hommes âgés de 35, 37 et 39 ans sont suspectés d'avoir fait partie de l'équipe de quatre malfaiteurs, dont deux ont pénétré le 19 octobre dans la galerie d'Apollon tandis que les deux autres étaient restés à l'extérieur, avant de prendre la fuite tous ensemble.
La couronne (c) et le diadème (g) de l'impératrice Eugénie exposés dans la galerie d'Apollon au musée du Louvre, le 14 janvier 2020 à Paris
STEPHANE DE SAKUTIN - AFP
Une quatrième personne, une femme de 38 ans, compagne de l'un des suspects, est soupçonnée de complicité mais a pu obtenir sa libération sous contrôle judiciaire.
Les malfaiteurs avaient agi en plein jour, encagoulés, munis d'un monte-charge de déménageurs et armés de disqueuses. Leur casse, retentissant, n'a duré que huit minutes.
Deux d'entre eux ont laissé des traces ADN derrière eux, sur l'un des scooters ayant servi à la fuite, sur l'une des vitrines fracturées et sur des objets abandonnés au Louvre.
L'ADN du couple a été retrouvé dans la nacelle du monte-charge utilisé.
Vol des bijoux du Louvre : le déroulement
Olivia BUGAULT, Sabrina BLANCHARD - AFP
Les profils de ces malfaiteurs ne correspondent pas à ceux "que généralement on associe au haut du spectre de la criminalité organisée", avait indiqué la procureure de Paris, Laure Beccuau.
Deux d'entre eux, habitants d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), étaient pour l'un sans activité, après avoir été livreur ou ripeur (ramassage d'ordures), pour l'autre chauffeur de taxi clandestin, connu pour des vols aggravés. L'homme du couple, lui, a un casier chargé de onze condamnations, dont une dizaine pour des vols.
Ils ont été mis en examen par les juges d'instruction de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs.
- Hausse du prix d'entrée -
Parallèlement à l'enquête judiciaire, la controverse ne faiblit pas sur la sécurité du Louvre.
Des policiers près d'un monte-meubles utilisé par des cambiroleurs pour pénétrer dans le musée du Louvre, le 19 octobre 2025 à Paris
Dimitar DILKOFF - AFP/Archives
Selon des informations du Monde publiées mardi soir, un audit de sûreté faisait état dès 2018 de la "vulnérabilité" que représentait le balcon par lequel sont entrés les cambrioleurs et notait son accès possible à l'aide d'une nacelle, des similitudes troublantes avec le mode opératoire utilisé. La direction actuelle a indiqué au journal n'avoir eu ce document en sa possession qu'après le casse.
Début novembre, la Cour des comptes avait estimé que le musée le plus visité au monde avait "privilégié les opérations visibles et attractives" au détriment de la sécurité.
La directrice du Louvre, Laurence des Cars, qui avait déjà reconnu des failles dans la sécurité, a annoncé la semaine dernière l'installation prochaine d'un "poste avancé mobile de la police nationale" pour protéger le musée pendant les périodes d'affluence touristique.
Confronté à une vétusté alarmante, le Louvre avait fait l'objet en début d'année de l'annonce par le président Emmanuel Macron d'un projet "colossal" pour le désengorger et le moderniser, avec un nouvel accès, une salle dédiée à la Joconde et des billets d'entrée plus chers pour les non-Européens. Le Louvre a acté jeudi une augmentation de 45% du prix d'entrée pour ces derniers.
Par Pool enquêtes de l'AFP / Paris (AFP) / © 2025 AFP