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Caricatures : "Il faut éduquer nos enfants à cette capacité d'accepter la non-croyance de l'autre"

Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Mohammed Moussaoui appelle à encadrer l'utilisation des caricatures de Mahomet, notamment dans les écoles ou si elles sont projetées sur des bâtiments publics. Des propos jugés ambigus par une partie de la classe politique, alors qu'Emmanuel Macron a promis mercredi dernier, dans le cadre de l'hommage national à l'enseignant décapité Samuel Paty, que la France continuerait de défendre la publication de ces caricatures au nom de la liberté d'expression. Désormais, une question divise la societé : faut-il rogner sur la liberté d'expression pour préserver l’ordre public et éviter d’attiser la haine des extrémistes ?

Faut-il rogner sur la liberté d'expression pour préserver l’ordre public et éviter d’attiser la haine des extrémistes ? © AFP

Reportage de Mathilde Jullien pour Sud Radio

 

"Je ne pense pas qu'on doit reculer, ne serait-ce que pour l'honneur de Samuel Paty"

Pour le CFCM il faut encadrer le droit de caricaturer, car la France doit respecter son devoir de fraternité. Une mauvaise piste pour Olivier Ranson, le dessinateur de presse du Parisien : "ça n'est pas aux élèves ni à leurs parents de décréter ce que l'école doit leur enseigner estime-t-il.

"Je ne pense pas qu'on doit reculer, ne serait-ce que pour l'honneur de Samuel Paty affirme Olivier Ranson. Ce sont des dessins, ça ne représente pas le prophète dont on ne connaît pas la figure ajoute-t-il. C'est parce que les islamistes et certains musulmans bien nombreux y mettent une dose de sacré qu'on en arrive à ce problème. Pour lui, c'est plutôt aux musulmans en France et ailleurs de comprendre que cette histoire ne doit pas s'arrêter pour leur subjectivité. Si on accepte cette subjectivité, c'est qu'on a déjà complètement perdu sur nos valeurs".

 

Tareq Oubrou, imam de Bordeaux : "Il y a le droit à la caricature, mais il n'y a pas de devoir de l'accepter"

Tareq Oubrou, l'imam de Bordeaux, conseille quant à lui aux croyants musulmans de faire preuve de discernement : "le blasphème ne concerne que le croyant explique-t-il, le non-croyant n'est pas concerné par les principes de la religion en question. Il faut éduquer nos enfants à cette capacité d'accepter la non-croyance de l'autre, il faut de la pédagogie".

Pour lui, "on n'a pas intérêt à censurer la liberté d'expression, mais la société a aussi besoin d'un vivre-ensemble. Il y a le droit à la caricature, mais il n'y a pas de devoir de l'accepter. Si on considère que les caricatures sont insultantes, c'est un peu délicat. L'imam défend la liberté d'expression mais également la liberté de la contester, mais dans les règles de l'art, dans le cadre du droit français en vigueur".

 

 

Selon l'essayiste Philippe Kupferman, la pédagogie à l'école commence par revenir sur les principes fondateurs de notre république : "la Déclaration des droits de l'homme dit que la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme. Pourquoi avons-nous perdu aujourd'hui cette nuance ? s'interroge-t-il. Ça devrait être quelque chose qui est à la fois enseignée et respectée parce que sinon, on va vers une société qui se désunit".

L'unité sera de rigueur le 2 novembre, pour un hommage à Samuel Paty dans tous les établissements, de la maternelle au lycée.

 

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