Le progrès est-il dangereux ? C'est la question que se permet de poser Arnaud Benedetti en compagnie de Catherine Bréchignac dans un ouvrage commun. "L'idée c'était d'interroger sur ce qu'est le progrès technologique et scientifique du point de vue de la société, des scientifiques et des ingénieurs", explique l'auteur au micro d'André Bercoff.
Dissocier la science de la technologie
Mais pour répondre à ces questions, André Benedetti insiste sur l'importance "de dissocier la question de la technologie et de la science". Et pour cela, rien n'est plus bénéfique que de rappeler les définitions de bases. "La science c'est essayer de comprendre des phénomènes. La technologie se sont des dispositifs, des outils, des instruments que les ingénieurs mettent en place et qui ont des effets pratiques sur notre vie quotidienne", explique-t-il.
"Très souvent, ce qui arrive, c'est que la technologie va parfois beaucoup plus vite que la science", poursuit l'auteur. En effet, "un tas de techniques ont été inventées sans que l'on sache pour autant quels sont les effets secondaires que ces techniques vont porter sur la société", énonce-t-il, prenant pour exemple la boussole, inventée avant la découverte du magnétisme. C'est sur l'angle technologique essentiellement, que les auteurs ont voulu s'interroger sur la question de l'évolution du progrès.
"Il y a une montée en puissance d'un sentiment d'irrationalité"
"La science ne fait pas peur", concède Arnaud Benedetti qui la compare à la technologie. "La technologie est à la fois un formidable outil de libération mais c'est aussi porteur parfois d'effets ambivalents, ambigus et intéressants à analyser", relate-t-il. La relation entre les deux domaines "est en train d'évoluer", d'après le professeur qui constate une "interrogation sur un certain nombre d'évolutions technologiques et techniques".
"Il y a une politisation des enjeux scientifiques et technologiques qui n'existait pas il y a trente ans", remarque Arnaud Benedetti. Et comme le montre un sondage international, "la France, le pays de Pasteur, est l'un des pays du monde où le taux d'acceptation du vaccin est le plus faible". "Il y a une montée en puissance d'un sentiment d'irrationalité et surtout de défiance", remarque-t-il. Et l'intérêt pour Arnaud Benedetti, "est de savoir quelle est la responsabilité des scientifiques dans tout ça". Une communauté "qui communique entre elle mais peu en direction de la société", déplore le professeur. "C'est extrêmement compliqué pour le scientifique de pouvoir développer une argumentation face à cette irrationalité présupposée", souligne-t-il.
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