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Agriculture: "Je fais un métier passionnant mais je voudrais qu'on en vive !"

Par Laurène Trillard

1000 tracteurs à Paris aujourd'hui. C'est la troisième mobilisation des agriculteurs depuis la rentrée. Le désespoir règne dans la profession comme nous le raconte Didier Metrop, éleveur dans le Charolais.

Didier Metrop, éleveur dans le Charolais. (Laurène Trillard / Sud Radio)

Reportage Sud Radio de Laurène Trillard

 

94 hectares de pré à Grandvaux, en Bourgogne-Franche-Comté : c'est ici que Didier Metrop élève ses 150 vaches charolaises. Cet agriculteur officie depuis vingt ans dans une exploitation familiale héritée de son oncle. Il travaille environ 80 heures par semaine pour 500 euros net par mois : « je fais un métier passionnant mais je voudrais qu'on en vive », explique ce père de trois enfants, dont les dernières vacances remontent à 2011.

 

Une profession dénigrée

Outre un rythme de travail intense et une maigre rémunération, il ne comprend pas le climat de défiance actuel à l'égard des agriculteurs :

« Il y a deux ans à l'entrée du sommet de l'élevage, on nous empêchait de rentrer soi-disant parce qu'on maltraitait nos animaux. On m'a traité d'assassin. »

Un épisode qu'il ne digère toujours pas aujourd'hui : « Les animaux ne sont pas mieux que ma famille mais je les considère vraiment comme ma famille. Si j'ai une bête qui est malade, je ne dors pas la nuit. Et ça, on devrait le montrer beaucoup plus à la société. » 

Didier Metrop peut compter sur le soutien de sa famille. (Laurène Trillard / Sud Radio)

Vocation

Malgré tout, il n'imagine pas exercer une autre profession : « je suis tombé dedans quand j'étais petit », explique-t-il la gorge serrée. Il peut heureusement compter sur le soutien de sa famille. «Mon mari a fait à un moment un burn-out, il était très malheureux, ses enfants le voyaient pleurer le matin, c'était très dur donc on était là pour le soutenir. On a essayé de voir si éventuellement il pouvait faire un autre métier mais il aurait été malheureux. », précise sa femme Stéphanie, qui travaille chez un affineur de fromage de chèvre. Elle contribue ainsi à l'équilibre financier du foyer, et donne un coup de main pour l'élevage des volailles, activité de diversification nécessaire à la survie de l’exploitation.

 

Divorces, suicides

Si Didier Metrop peut compter sur ses proches, il s'inquiète du sort de certains confrères qui n'en ont pas la chance : « Cette année, c'est une année de séparations et de divorces », déplore-t-il. Il y a deux ans, sept de ses collègues se sont suicidés en l'espace de six mois. En France, selon les statistiques les plus récentes de la sécurité sociale agricole (MSA), 372 paysans se sont suicidés en 2015, soit plus d'un par jour.

 

"Être paysan, c'est viscéral. Il a fait à un moment un burn-out, il était très malheureux, ses enfants le voyaient pleurer le matin, c'était très dur donc on était là pour le soutenir. On a essayé de voir si éventuellement il pouvait faire un autre métier, mais il aurait été malheureux. » - Stéphanie Metrop, son épouse

 

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