"Je culpabilise": entendue lors du procès de son fils, la mère de Cédric Jubillar a affirmé mercredi devant la cour d'assises du Tarn regretter "de ne pas avoir donné plus de sens" aux menaces de son fils, proférées à l'encontre de son épouse Delphine quelques semaines avant la disparition de l'infirmière.
Au cours d'une longue audition marquée par de nombreuses hésitations et larmes, Nadine Jubillar a été amenée à raconter une matinée de décembre 2020, quelques semaines avant la disparition de l'infirmière tarnaise, où son fils lui aurait dit: "J'en ai marre, elle m'énerve, je vais la tuer, l'enterrer et personne ne va la retrouver."
"Je n'ai pas compris la portée de ses mots au départ, j'ai mis ça sur le ton de la colère. Aujourd'hui, je regrette de ne pas avoir donné plus de sens à cette phrase", a-t-elle poursuivi, au sujet de propos dont elle avait déjà parlés aux enquêteurs.
Des paroles en l'air, a martelé le peintre-plaquiste de 38 ans au cours de l'instruction, qui a toujours nié être l'auteur du meurtre dont il est accusé devant les assises du Tarn. Le corps de Delphine n'a pas été retrouvé en plus de quatre ans de recherches.
Cherchant d'abord fréquemment ses mots, essuyant parfois une larme au moment d'évoquer l'enfance chaotique de son fils, assis dans son box sur sa droite et qui l'a sans cesse fixée, elle a également dit avoir eu "un doute" au moment d'être entendue par les enquêteurs peu après la disparition de Delphine, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020.
Dès le lendemain des faits, la belle-mère de l'infirmière avait déclaré aux gendarmes: "J'espère juste que mon fils ne lui a rien fait."
Au onzième jour du procès pour le meurtre de Delphine Jubillar, son témoignage était particulièrement attendu, pour évoquer l'enfance de l'accusé et son attitude au moment du divorce en cours dans le couple et de la disparition.
- "Jamais accepté" -
"Au fond de lui, il n'a jamais accepté" le divorce, a-t-elle souligné lors de l'interrogatoire mené par la présidente, avant de se contredire en indiquant: "Il l'aimait, mais il avait quand même accepté qu'elle veuille divorcer (...) il pouvait pas faire autrement."
Vêtue d'un ensemble bleu roi et d'un haut blanc, elle a assuré que la perte de la maison de Cagnac-les-Mines aurait représenté "la perte d'un statut social, familial, son statut d'homme", pour son fils.
Nadine Jubillar, 54 ans, a été plongée dans l'affaire judiciaire et médiatique dès l'annonce de la disparition de sa belle-fille de 33 ans, quand Cédric l'a appelée, le 16 décembre 2020 au matin, pour venir au domicile du couple près d'Albi, s'occuper de ses petits-enfants.
Six mois plus tard, en juin 2021, la quinquagénaire, un temps soupçonnée de complicité, a été placée en garde à vue avec son mari, le beau-père de Cédric, en même temps que son fils, auquel elle a été confrontée notamment sur les menaces de mort qu'il a proférées à l'encontre de Delphine.
Si le fils a été mis en examen et écroué, la mère n'a pas été inquiétée au sortir de sa garde à vue.
Elle a également répété sa "culpabilité", d'abord de "ne pas avoir été capable" de s'occuper de Cédric enfant, qu'elle a eu à l'âge de 16 ans et qui a été placé à plusieurs reprises, puis de ne pas avoir "donné plus d'importance" aux propos de son fils.
Interrogée sur le "flicage" de la jeune infirmière par son mari, qui cherchait à trouver les traces d'une relation extraconjugale, elle a, à la barre, "pris toute la responsabilité" de la tentative de géolocalisation de sa belle-fille avant sa disparition, à la demande de son fils.
Nadine Jubillar s'était, par ailleurs, constituée partie civile, "pas en tant que maman de Cédric mais en tant que mamie de Louis et Elyah", les enfants du couple Jubillar, aujourd'hui âgés de 11 et six ans.
"Aujourd'hui, tout ce qui compte, c'est le bien-être de ces petits et la vérité", a-t-elle déclaré.
Par Chantal VALERY, François BENEYTOU / Albi (AFP) / © 2025 AFP