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Serge Blanco: "Pour battre ces Blacks, il faut que l'on soit Français"

Par Justin Boche

Serge Blanco était au micro de Judith Soula dans un entretien exclusif dans le journal de la Coupe du monde de Sud Radio Sport. Ses déceptions, ses espoirs, sa vie au sein du groupe du XV de France, sa vision de la défaite contre l'Irlande et du prochain match contre la Nouvelle-Zelande. Rencontre.

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Philippe Saint-André va changer quelques joueurs clefs pour le prochain match. Pourquoi ces changements ? Il est grand temps maintenant d'essayer de redynamiser cette équipe pour avoir le maximum de résultats. Je crois très sincèrement que les joueurs qui vont rentrer vont insuffler quelque chose de différent puisqu'ils étaient dans les tribunes ou sur le banc des remplacements contre l'Irlande. Donc leur analyse va être très importante pour arriver à lancer quelque chose de fort contre les Néo-zélandais. Les joueurs interrogés ont tous dit qu'ils n'allaient pas se soucier des victoires passées de l'équipe de France. Qu'en penses-tu ? Chaque groupe vit sa propre aventure et il ne faut pas prendre exemple sur ce qui s'est passé auparavant. Mais ce qui est intéressant, c'est de savoir ce qui peut se passer. Et ça, c'est véritablement la chose la plus belle qui puisse permettre à cette équipe de se motiver. Tu sens de la révolte aujourd’hui chez les joueurs ? Je sens une prise de conscience surtout. La révolte, ils l'ont, mais surtout envers eux-mêmes. Parce qu'en fin de compte la révolte n'a pas à agir contre les adversaires. D'abord parce que nous ne les avons pas joués depuis un bon moment. On a eu une compétition avec divers résultats. Dont un qui était, je ne dirais pas primordiale, mais important. Et l'équipe a fait son analyse et le deuil de ce qu'elle n'a pas su faire. Il y a un débat philosophique dans l'équipe pour savoir s'ils sont capables de faire un certain nombre de choses. Pour moi, la réponse est oui. Après la forme que cela va prendre, c'est à eux de l'amener. Est-ce qu'il n'y a pas eu quelques erreurs de faites ? On a le sentiment que Philippe Saint-André avait fait de Sébastien Tillous-Borde son demi de mêlée numéro un, de Fofana-Bastareaud sa paire de centres numéro une, aujourd'hui il revient dessus. Est-ce qu'il n'y a pas une remise en cause de la part du staff ? Il faut toujours en remise en cause. Si le staff peut être remis en cause, il n'y a pas de raison que le staff ne puisse pas remettre en cause d'autres personnes. Ça marche comme ça dans la hiérarchie. Mais les rangements sont faits parce qu'à un moment donné, un groupe a besoin de retrouver sa rentabilité. Aujourd'hui, l'efficacité que certains noms affichés ont eue ne s'est pas avérée à 100% fiable. Donc il fallait essayer quelque chose. On ne pouvait pas rester au bord de la route sans rien tenter. Les garçons qui ont été évincés, ou au moins mis à l'écart savent qu'ils ont encore une très belle carte à jouer parce qu'il reste un match. Et si nous gagnons, il y aura encore une demi-finale à jouer. Mais comme dans toutes les sociétés, il y a des numéros 1 et des numéros 2. Et le but des numéros 2 c'est de devenir numéro 1. Et celui de numéro 1 c'est de le rester. Ceux qui ont été désignés comme de grands leaders ont peut-être depuis un ou deux matchs manqués à remplir ce rôle-là. Il ne faut pas le voir comme étant un échec, mais il faut le voir surtout comme une source nouvelle pour pouvoir conquérir quelque chose que personne n'attend aujourd'hui à part les joueurs et le staff. Parce que dans le monde du rugby peu de gens vont jouer un kopek sur l'équipe de France. En 1999 et 2007, l'équipe de France avait agressé les All-Blacks, mais avait eu aussi beaucoup de chance. Pour toi quelles seront les clefs du match de samedi soir face aux All-Blacks ? Rire. Si on avait les clefs, on les utiliserait tout de suite. Je pense qu'il faut avant tout partir sur une envie féroce de montrer ce que l'on sait faire et ce que l'on est capable de faire. Ce groupe a du potentiel et je le répète depuis plusieurs mois. Un potentiel que l'on n'a pas encore vu ?Oui, mais ce potentiel est exceptionnel. On l'a vu par petit morceau sur certains matchs. Mais c'est sûr que ce groupe n'a pas encore atteint sa puissance véritable. Je crois que si l'on veut battre ces Blacks, il faut que l'on soit Français. Parce que si nous sommes Français, avec tout ce que ça peut représenter en terme de générosité, d'efficacité, d'envie, de supercherie, il peut se passer quelque chose. Tout ce qui fait que le Français est reconnu de façon hors pair dans le monde de l'ovalie. Les Blacks craignent-ils notre réaction ? Parce qu'on la dit, l'équipe de France est souvent une équipe à réaction. Je pense que les Blacks respectent la France ce qui est le plus important pour un joueur. Après ils ne sont pas dupes. Ils ont vu nos matchs. Ils savent comment on a joué. Ils savent peut-être que c'est préférable de nous rencontrer nous, plutôt que de rencontrer l'Irlande. Toujours est-il qu'ils se disent que c'est un cadeau empoisonné de rencontrer les Français puisque l'histoire a déjà écrit certaines lignes qui leur ont fait très très mal. Espérons que nous allons rajouter une ligne qui s'inscrive dans cette histoire du rugby entre les Français et les Néozélandais. Comment vis-tu cette coupe du monde ? Je suis imprégné de cette vie que je partage avec les joueurs, avec Philippe Saint-André, avec le staff. De temps en temps, ça me blesse énormément parce que je pense que contre l'Irlande, il y a deux ou trois choses que l'on doit faire différemment. On n'a pas fait le maximum pour être devant eux. On n'a pas fait des choses banales qui sont simplement de se battre et d'être généreux dans ce que l'on veut faire en terme de conquête ou de défense. On ne peut pas sortir d'un terrain en se disant ‘je regrette, j'aurais pu faire ça, ça ou ça. Non, il faut sortir du terrain sans aucun regret même si l'on perd. Ça voudra dire que l'autre était meilleur que nous. As-tu toujours ton âme de compétiteur ? Oui plus que jamais ! Si je pouvais, j'en tuerais un pour jouer à sa place. Mais je vous promets qu'il n'y aurait aucun résultat parce que vu ma forme... Rire.

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