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Joel Jutge : "L’image des joueurs français a évolué"

Par Jérémy Jeantet

L’ancien arbitre international français, Joël Jutge, aujourd’hui responsable de l’arbitrage des Coupes d’Europe, revient au micro de Sud Radio sur les consignes données aux arbitres pour les quarts de finale de la Champions Cup et sur l’image des joueurs français auprès des arbitres internationaux.

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Sud Radio : On entend souvent dire, avant la Coupe d’Europe, que l’arbitrage y est différent du Top 14. En quoi est-il différent ?

Joël Jutge : Je ne suis pas certain que l’arbitrage soit différent. Ce qui est certain, c’est que le jeu est différent. On a un jeu plus rapide, plus tourné vers l’offensive, vers la prise d’initiative. Évidemment, l’arbitrage devient différent, mais parce que l’approche des équipes, la volonté des équipes de jouer est totalement différente. Certaines phases ne ressemblent pas du tout à ce qu’on peut voir en Top 14, comme la mêlée. Globalement, elles sont positives et on peut voir du jeu après la mêlée, donc l’arbitrage en subit les conséquences et, au niveau européen, on en subit les conséquences, favorablement.

Est-ce qu’il n’y a pas plus d’exigence de la part des arbitres au niveau européen, comme au niveau international ?

C’est un arbitrage plus précis, qui est fait avec les meilleurs. Donc il doit être meilleur même si, on l’a déjà vu, les meilleurs peuvent se tromper.

 

Avant ces quarts de finale, est-ce qu’il y a un briefing particulier de votre part ? Est-ce que vous avez mis l’accent sur un point particulier ?

Mardi matin, j’ai envoyé un mail à tous les arbitres, avec des clips associés, des commentaires, et des consignes pour les quarts de finale. Ce même mail, je l’ai envoyé à toutes les équipes impliquées en Coupe d’Europe, il y a une totale transparence.

Quelles sont les consignes ?

D’être plus sévères avec les hors-jeu. Si on veut que les équipes continuent de jouer, il faut que l’on favorise les conditions pour cela. Le hors-jeu est capital et on a de plus en plus de rucks très dynamiques et les équipes des défenseurs ne se retirent pas et viennent manger des 50cm, voire 1 mètre, au détriment de l’équipe qui veut produire du jeu.. Être très sévère sur les hors-jeu, donc, et on n’avait pas été très bons sur la phase du plaqueur – plaqué sur la journée 5. Je leur avais demandé plus de cohérence par rapport au plaqueur et également plus de sévérité avec les joueurs qui vont ralentir le jeu de manière illégale. Là, il fallait être très vigilant et sanctionné.

Ce sont des arbitres anglais qui vont arbitrer les équipes françaises. Pour Munster – Toulouse, on va retrouver l’Anglais John Paul Doyle. Quelle est sa particularité ?

Je sais qu’on aime bien savoir la particularité d’un arbitre, mais un match ne ressemble jamais à un autre et un arbitrage ne ressemble jamais à un autre. Il faudra faire attention sur les zones proches des buts où les Anglo-Saxons, même les Français, n’hésitent pas à mettre des cartons jaunes en cas de fautes répétées ou même de faute intentionnelle, délibérée. Là, les cartons pourraient sortir rapidement.

Le choc franco-français sera arbitré par Wayne Barnes, le fameux arbitre du dernier France-Galles qui avait laissé jouer plus de 20 minutes de temps additionnel. Il s’est imposé comme une évidence de choisir Wayne Barnes pour arbitrer ce choc ?

D’abord, les désignations ont été faites bien avant le match des VI Nations. Les désignations ont été faites par rapport à leurs performances des matchs de poule. Il était hors de question de modifier cette désignation par rapport au match France-Galles. On avait aussi estimé qu’il y avait un peu de sévérité sur le jugement global de la façon dont il arbitrait ces 20 dernières minutes. Même si un autre carton jaune aurait pu s’imposer, l’essai de pénalité aurait pu s’imposer, mais peut-être à la 97e ou 98e, donc il a fait jouer deux minutes de trop. Globalement, il est resté assez implacable, impassible, imperméable à la pression et ça a été apprécié.

Est-ce que, pour les internationaux clermontois et toulonnais, ça peut avoir une influence ?

Je ne crois pas. Comme je vous le dis, un match ne ressemble jamais à un autre. Si les équipes pensent qu’il va arbitrer la mêlée de la même façon que lors du match France – Pays de Galles, je pense que ce serait une erreur. Les mêlées seront différentes, le contexte sera différent et sa réaction sera sans doute différente. Il est inutile d’établir des plans sur la comète. Il faut simplement jouer dans la règle, c’est le meilleur moyen de s’en sortir.

Il peut parfois y avoir des connivences linguistiques. Est-ce que tu penses qu’il y a un travail à faire au niveau des joueurs français, des capitaines, pour qu’ils soient bilingues. Est-ce que ça peut aider pour parler avec l’arbitre ?

Vu le débat que nous avons en France sur le nombre de joueurs étrangers qui composent nos équipes, je pense qu’il y a énormément de joueurs qui parlent anglais. Dans la majorité des équipes, ça parle anglais. Il y a beaucoup d’entraîneurs étrangers également, donc je ne vois pas un réel problème à ce niveau-là. En plus, Wayne Barnes, c’est quelqu’un qui parle très bien français. Après, on a peut-être des progrès à faire sur les relations que l’on peut avoir avec les arbitres tout au long de l’année et là, peut-être que l’on est légèrement moins bon que les autres entraîneurs qui n’hésitent pas à aller échanger avec des arbitres juste pour le plaisir d’échanger, alors qu’ils ne sont pas concernés par un match qui va arriver prochainement. Autrement, sur le terrain, je ne crois pas que ça porte un préjudice.

Est-ce que vous pensez que l’image des Français a évolué ?

L’image des joueurs français a sérieusement évolué. Les arbitres n’ont pas de problème particulier avec les Français. Il y a des secteurs qui méritent d’évoluer un peu plus, comme la mêlée, mais autrement, il n’y a pas d’animosité, pas d’approche négative de la part des arbitres lorsqu’ils sont amenés à diriger des matchs avec des équipes françaises. Au contraire, ils prennent beaucoup de plaisir à venir dans des enceintes françaises, où la passion est là, où l’environnement est très excitant. Je n’ai jamais constaté de problème vis-à-vis de cela.

Propos recueillis par Judith Soula

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