Dernier Conseil des ministres avant la pause estivale et trois semaines de vacances pour le gouvernement. La question du départ en vacances du gouvernement se pose chaque été, d’autant plus alors qu’il reste moins de 600 jours d’action avant la prochaine élection présidentielle.
Un contexte de rebond de l'épidémie
"Il faut quand même que les membres du gouvernement se reposent, estime Bruno Cautrès, politologue, chercheur CNRS au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po) et également enseignant à Sciences Po. On va rentrer dans une séquence que l’on connaît très bien en France : tous les ans, à la même époque, le gouvernement fait passer le même message. Les ministres ne doivent pas s’éloigner trop de Paris. On va essayer de préserver l’image des ministres, plutôt en France, en famille, qui mettent à profit leurs vacances pour se rapprocher des secteurs professionnels dont ils ont la charge. D’autant plus que Jean Castex insiste sur la question du territoire et de la proximité des Français."
Jean Castex sera dans sa ville de Prades, Éric Dupont-Moretti à Nice et Roselyne Bachelot au Pays basque, mais entre crise du Covid et pic de chaleur. On se rappelle de la canicule de 2003, avec un ministre de la Santé absent en plein mois d’août. Faut-il pouvoir se rendre à Paris en moins de 2 heures ? "C’est clair que pour Olivier Véran, déjà très sollicité depuis sa nomination, il y a un enjeu fondamental. Pour lui et le Premier ministre, il faut montrer aux Français qu’ils sont capables de réagir instantanément et qu’effectivement, il n’y aura pas de vacances pour eux. Chacun va se rapprocher de sa région, mais on va vouloir montrer aux Français que l’on est opérationnel, que l’on ne débranche pas". Il faut dire que, cette année, les vacances des ministres tombent en plein rebond de l’épidémie.
Un problème de timing
Quel regard porte-t-il sur ces dernières semaines, ce changement de stratégie politique ? "C’est un changement qui n’est pas sans difficulté, estime Bruno Cautrès. Ce n’est pas évident de succéder à Édouard Philippe. Jean Castex cherche à imprimer sa marque. On commence à avoir des éléments du style Castex, mais ce n’est pas posé. Deuxième difficulté de cette réorientation : Emmanuel Macron doit expliquer que ce changement n’est pas dans son tableau de départ, le programme de 2017 qui est en train d’être appliqué. Il y a un tableau à monter progressivement, plus simple à comprendre à la rentrée pour les Français". Territoire, chômage, écologie, tels sont les trois nouveaux axes gouvernementaux. "C’est formidable, la dimension des territoires, mais ce n’est pas la première fois qu’on le dit, et le gouvernement Castex a un problème de timing, un an et demi maximum pour mettre en oeuvre l’ensemble des chantiers. Jean Castex a annoncé beaucoup de choses à faire dans un laps de temps réduit."
"Ce qui l’attend, c’est la question de l’emploi, du chômage des jeunes, insiste le chercheur CNRS au Cevipof et enseignant à Sciences Po. La situation de l’emploi s’est détériorée durant la crise. Sur les deux bouts de la chaîne, chômage des jeunes et des seniors, on sait que l’on n’est pas très bon en France. Très clairement, la campagne présidentielle a déjà commencé. La nomination de ce gouvernement, ses principales lignes de force, sont évidemment dans la perspective de préparer l’élection présidentielle. Beaucoup de décisions consistent à donner des enveloppes budgétaires. C’est logique de se mettre en ordre de bataille. C’est sur l’ensemble de son mandat qu’Emmanuel Macron sera jugé. Avec un point d’interrogation aux yeux des Français : où est le vrai Emmanuel Macron ? En trois ans, nous en sommes à la troisième étape, le nouveau chemin. Cela commence à faire beaucoup pour trois ans !"
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