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Thierry Guerrier - Delevoye, 16ème départ forcé du quinquennat... Un gâchis pour le gouvernement

Editorial politique

L'édito politique de Thierry Guerrier, chaque lundi à 7h20.

La démission, hier, du « monsieur retraites » du gouvernement, Jean-Paul Delevoye, ne sera pas sans conséquence...

Et j’ai envie de dire… « Quel gâchis ! ». Quel gâchis, d’abord, concernant l’homme, la personnalité Delevoye. Voilà un personnage dont (malgré les critiques et les demandes de démission qu’ils ont formulé), beaucoup de syndicalistes saluent les qualités, sa capacité d’écoute et de dialogue, sa maîtrise parfaite du dossier « retraites »… Bref, ses adversaires eux-mêmes reconnaissent qu’Emmanuel Macron tenait là, en la personne de Jean-Paul Delevoye, son meilleur négociateur (face aux partenaires sociaux comme à l’Assemblée), pour faire adopter son projet de « retraite universelle à points ».
Delevoye portait littéralement la réforme, depuis deux ans. Le président va avoir du mal à trouver quelqu’un de cette trempe et de cette expérience. On évoque les noms des ministres Emmanuelle wargon, et Olivier Dussopt, mais aussi celui du conseiller spécial du président, Philippe Grangeon, ancien de la CFDT et ex-collaborateur de Nicole Notat, pour succéder à Delevoye.

C’est aussi un « gâchis » politique, cette démission ?

Songez que c’est le 16ème départ du gouvernement depuis le début du quinquennat, et surtout c’est encore un départ « forcé », sous la pression médiatique, le 16ème départ en 32 mois… tout ça fragilise un peu plus l’éxécutif. Et même si le président de la République a réussi son premier pari politique (consolider son socle d’électeurs de droite en tenant bon face aux syndicats), - on l’a vu dans les sondages ce week end -, pour autant, il va inéluctablement devoir lâcher maintenant quelque chose aux syndicats dits modérés, les autonomes et surtout la CFDT de Laurent Berger, s’il veut sortir enfin, par le haut, de ce conflit. Car, la démission hier de Jean-Paul Delevoye (victoire symbolique des maximalistes anti-réforme) peut renforcer leur détermination et pousser encore plus à la mobilisation aujourd’hui. De ce point de vue il faudra surveiller le nombre des grévistes de cette nouvelle journée de blocage non seulement à la SNCF, mais aussi dans tous les secteurs en crise actuellement : hôpital, éducation, énergie…

Vous venez de parler de « blocage ». Jusqu’à quand va-t-on tenir ainsi ?

C’est toute la question. Jusqu’à quand le pays (même celui qui soutient le principe de la réforme et la fin des régimes spéciaux) acceptera-t-il d’être pris en otage ? Et surtout, à partir de quand va-t-il basculer et finalement reprocher toutes ses erreurs de gestion du dossier, au gouvernement ? Beaucoup de commerces et d’industries (comme le tourisme et l’hôtellerie), voient leur chiffre d’affaire s’effondrer en ce moment, dans une période stratégique pour eux. Emmanuel Macron devrait se méfier : après l’affaire Delevoye, ces victimes du conflit (qui votent plutôt pour lui) vont finir par renvoyer dos à dos, les maximalistes anti-réforme et le gouvernement.

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