Ils se donnent quotidiennement pour l'intérêt de leur commune mais se sentent de plus en plus abandonnés par l'État. À tel point que certains édiles ont décidé de ne pas se représenter en mars prochain.
Un dévouement qui tient son revers de la médaille
C'est le cas de Pierre-Emmanuel Bégny, maire de Saâcy-sur-Marne (Seine-et-Marne), une commune de 1.800 habitants, située à une soixantaine de kilomètres de Paris. "Je ne me représenterai pas parce qu'aujourd'hui la fonction de maire rural n'a pas du tout la même problématique que la maire de Paris", annonce-t-il au micro d'André Bercoff. Il dénonce "un État de plus en plus absent des territoires, qui détricote des services publics". Mais ce n'est pas tout, "sur le terrain, les maires se retrouvent démunis", témoigne le jeune édile. Il déplore "qu'une petite partie d'administrés se fait très fortement entendre et est de plus en plus exigeante".
"Vous avez à faire avec des électeurs qui deviennent de vrais consommateurs et quand vous répondez pas dans l'immédiateté, vous vous faites insulter soit sur les réseaux sociaux ou êtes à portée de baffe dans la rue", se plaint l'auteur de Chers administrés, si vous saviez… "Les insultes sont le quotidien des maires", remarque-t-il, résigné. "C'est une nouveauté dans notre société, le maire n'est plus respecté comme il y a encore trente ans", note Pierre-Emmanuel Bégny. "D'un côté, les gens apprécient le maire pour sa proximité, mais cette proximité a un revers de la médaille, vous êtes à la portée des mécontents, des insultes et parfois des actes violents", témoigne-t-il.
"Un vrai désarroi"
Dans sa commune de moins de 2.000 âmes, Pierre-Emmanuel Bégny a dû "régler des problématiques liées à la fois à une petite commune de banlieue parisienne, mais également d'une commune au milieu des champs et des coteaux viticoles", rapporte-t-il, précisant qu'il s'agit "d'une équation pas simple". C'est cette aventure qu'il a voulu raconter dans son livre. "L'objectif est de pouvoir entraîner les lecteurs dans la peau du maire et découvrir les coulisses d'une fonction méconnue du grand public", assure-t-il.
Pascal Grégoire, auteur de Monsieur le Maire, acquiesce le témoignage du jeune édile. "Il y a un vrai désarroi", reconnait-il. "Ces maires portent tout, ils n'ont pas les médias entre eux et les citoyens", souligne l'écrivain. Mais surtout, "ils doivent porter l'ensemble des problématiques, ils ont une responsabilité juridique sur tout et ne gagnent franchement rien", insiste-t-il. Entre 400 et 1.000 euros pour les maires des petites communes, avance le publicitaire. Pour Pascal Grégoire, ces maires sont "les nouveaux héros de la société d'aujourd'hui".
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