La remise de la Légion d'honneur à Jean-François Cirelli, président de BlackRock France, un fonds d'investissement qui conseille notamment sur les capitalisations des retraites, provoque la colère des opposants à la réforme des retraites qui voient là une sorte de récompense pour ce haut-fonctionnaire qui avait rencontré à plusieurs reprises des membres du gouvernement dans le cadre de l'écriture du projet de loi. Mais faut-il pour autant avoir peur de BlackRock ?
Une rencontre "nécessaire"
Pour Pierre Bentata, "il ne faut pas sombrer dans le complotisme". Il tient d'ailleurs à préciser que BlackRock est "un fond d'investissement qui peut proposer à des fonds de retraite des moyens, des outils de gestion pour optimiser les placements de ses clients". Un des plus gros fonds en terme de surface financière, puisqu'il aurait entre ses mains "entre 6,7 et 7.000 milliards d'euros", estime l'économiste.
Pour le dirigeant du cabinet de conseil Rinzen, les rencontres avec des membres du gouvernement ont eu lieu "au même titre que la rencontre à Versailles entre Emmanuel Macron et des dirigeants de grandes entreprises françaises". Il ajoute que les politiques "ont la nécessité de rencontrer des spécialistes de tout un tas de domaines économiques pour mettre en place des réformes pertinentes et ne pas les rater".
Vers une capitalisation des retraites ?
Pour Fabien Gay, BlackRock lorgne sur "300 milliards d'euros qui aujourd'hui ne sont pas dans le système financier". Le sénateur communiste souligne qu'avec le nouveau système "les plus hauts revenus qui cotisent aujourd'hui jusqu'à 27.000 euros, passeront à 10.000 euros". "72 milliards d'euros vont échapper au système par répartition", annonce-t-il. "Dans le même temps, on nous dit qu'il va manquer 10 milliards d'euros à l'horizon 2025-2035 avant de revenir à l'équilibre", note l'élu.
Pour Fabien Gay, cette réforme "est idéologique et va permettre aux hauts revenus d'aller jouer sur les marchés financiers pour capitaliser". "Une possibilité", répond Pierre Bentata mais qui préfère penser que l'investissement se fera davantage "dans l'immobilier". Mais pour l'économiste aussi, "il y a un vrai problème idéologique". "C'est une réforme qui est faite pour protéger le système de répartition", juge-t-il, regrettant que "l'on ne passe pas à la capitalisation". Car pour l'essayiste, "ceux qui veulent prendre le risque doivent pouvoir le prendre". "Ceux qui sont le plus contre cela sont ceux qui en profitent aujourd'hui", note-t-il, rappelant que les fonds comme BlackRock "sont justement là pour maîtriser les risques de l'investissement".
Capitaliser et investir dans le marché est risqué certes, "mais de l'autre côté, il y a également une incertitude sur combien toucheront les gens qui commencent à travailler aujourd'hui lorsqu'ils seront à la retraite avec le système actuelle", note Pierre Bentata qui rappelle que le système actuel "est rendu possible que si vous avez 2,4 à 3 actifs pour un retraité, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui", alerte-t-il.
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