Alors que la ville de Nantes a vécu la nuit dernière un deuxième épisode de violences urbaines, certes moins intense que la veille, le gouvernement se veut serein sur la question du règlement de ce conflit entre la police et certains jeunes. Pour le député (LREM) de Paris Sylvain Maillard, cela passe par une action envers les uns comme envers les autres. "Le budget du ministère de l’Intérieur augmente très clairement. J’entends régulièrement dire que les policiers n’ont pas assez de moyens. C’est assez vrai, notamment au niveau du matériel, et c’est pour ça que nous avons augmenté le budget dernièrement. Mais il faut aussi rétablir le dialogue, et c’est ce qu’on a proposé de faire en renouant avec la police de sécurité du quotidien. L’absence de police ou la BAC qui débarque d’un seul coup sans connaître parfaitement le terrain, c’est aussi ce qui fait que pendant très longtemps, la police manquait de renseignement ou arrivait de façon un peu brutale. Nous voulons qu’elle soit présente partout au contact, en amont, en discussion, et qu’elle soit un interlocuteur crédible dans les quartiers", plaide-t-il.
Discours de Versailles boycotté : "Ça donne un peu de notoriété quelques minutes"
Le député, élu dès le premier tour l’an dernier, a également défendu le choix d’Emmanuel Macron de convoquer le Parlement à Versailles lundi prochain. "C’est toujours un discours important, fondateur. Je me souviens de celui de l’année dernière qui avait tracé le cap des cinq prochaines années, mais aussi de ce que nous allions faire concrètement cette année. C’est important que le Sénat et l’Assemblée nationale se retrouvent ensemble, devant le président de la République, pour avoir un cap de ce qui sera pendant le reste du quinquennat", justifie-t-il avant d’envoyer une petite pique aux députés et sénateurs qui ont déjà fait part de leur intention de boycotter ce discours. "C’est leur choix, le parlementaire est libre de venir ou de ne pas venir. Je pense que c’est un acte politique de refuser, et ça donne un peu de notoriété quelques minutes...", glisse-t-il.
Ce discours devait initialement être suivi le lendemain par la présentation du plan pauvreté d’Emmanuel Macron, mais celle-ci pourrait être reportée par un éventuel déplacement du chef de l’État pour aller soutenir l’équipe de France de football à la Coupe du monde. Un timing délicat mais qui n’enlève rien à l’importance de ce plan aux yeux du président, selon Sylvain Maillard. "Je ne m’occupe pas de la communication de l’Élysée. Je sais que le président de la République est très attaché à ce plan pauvreté. Peut-être que certains arbitrages ne sont pas pleinement faits, je n’en sais pas plus. En tout cas, nous aurons un plan pauvreté d’envergure, car c’est vraiment dans l’ADN du projet présidentiel qu’il a porté l’année dernière. Il y a parfois des soucis de calendrier, ce ne sont pas une ou deux journées qui changeront la donne", rappelle-t-il.
"À Paris, la générosité se fait parfois très clairement sur le dos de la Seine-Saint-Denis"
Le parlementaire parisien, chef d’entreprise de son état, s’est également exprimé sur la situation en Seine-Saint-Denis, où, selon un rapport parlementaire, les illégaux représenteraient 8 à 20% de la population. Un constat qui souligne d’après lui, au moins en partie, le rôle ambigu joué par la mairie de Paris. "Paris la généreuse, Paris qui veut accueillir l’ensemble du monde, Paris qui donne parfois des leçons, mais Paris qui n’accueille pas ses clandestins... 95% des migrants ou sans-papiers sur ce territoire sont mis en Seine-Saint-Denis une fois récupérés par les associations et les forces de l’ordre. Quand vous prenez ces chiffres, ça paraît totalement fou. Anne Hidalgo n’est pas responsable de cette situation, en tout cas pas pleinement. Là où elle fait peut-être semblant de ne pas savoir, c’est que la générosité se fait parfois très clairement sur le dos de la Seine-Saint-Denis", clame-t-il.
Dès lors, La République En Marche pourrait-elle chercher à déboulonner Anne Hidalgo de la mairie de Paris ? Sylvain Maillard ne dément pas. "L’idée n’est pas de remplacer un maire par un autre. L’idée, c’est de savoir quel est le projet que nous voulons porter pour Paris, pour le Grand Paris. Nous ne pouvons pas continuer à rester sur un Paris intra-muros très petit, très dense, et qui impose finalement sa loi à un ensemble urbain plus complexe", martèle-t-il. Quant à savoir quel pourrait être le candidat désigné par la majorité pour les élections municipales de 2020 (les noms de Benjamin Griveaux et de Mounir Mahjoubi circulent), le député préfère botter en touche. "La décision se fera par une commission nationale d’investiture dans le courant 2019", assure-t-il.
Réécoutez en podcast toute l’interview de Sylvain Maillard dans le Grand Matin Sud Radio