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Macron et les retraités, une méthode contestable

Henri Guaino revient aujourd'hui sur la méthode sacrificielle qu'utilise Macron avec les retraités.

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Il y a quelque chose d'étrange mais de constant dans la communication d'Emmanuel Macron. Il aime discuter et argumenter comme cela, un peu comme du micro-trottoir. C'est un exercice où le naturel prend le pas sur tout le reste. C'est une communication tout à fait spontanée, tout à fait sincère, naturelle mais qui révèle quand même la démarche un peu étrange du gouvernement, une démarche qui ne pourra pas durer très longtemps. Cette démarche qui consiste, à chaque réforme, à dire à ceux qui protestent : "je vous demande des sacrifices pour tous les autres".

Petit à petit, on fait le tour de toutes les catégories et cette politique sacrificielle, qui, contrairement à ce qui dit le gouvernement, a été mise en œuvre depuis longtemps en France, de majorité en majorité, de président en président, a pour effet que les Français se sentent justement de plus en plus sacrifiés, sans en voir véritablement les résultats. L'histoire des retraites est typique. J'avais récemment déjà consacré une chronique à la "guerre des générations" et là, on sent bien que cette guerre des générations est assumée. Quand le président dit "j'assume", il assume cette "guerre des générations" en disant : "Vous avez bien gagné votre vie durant les périodes de prospérité, de plein-emploi, maintenant il vous faut payer pour les suivants". Il y a quand même quelques inexactitudes comme celle qui prétend que le modèle français fait que vous avez cotisé toute votre vie pour payer les retraites de ceux qui vous ont précédé. Il faut savoir que c'est le propre de tous les systèmes de retraite, y compris la capitalisation. Ce sont toujours les actifs du moment qui payent les retraites des inactifs. Il n'existe pas d'autres moyens pour entretenir les inactifs et leur verser des revenus que de faire travailler les actifs qui, eux, produisent ces revenus. Tout l'argent mis de côté est remis dans l'économie et redépensé. Ce n'est pas une particularité du système français. 

Deuxième remarque : Emmanuel Macron a une façon de considérer l'économie qui est assez étrange. Il y a, pour lui, ceux qui produisent et ceux qui ne produisent pas mais les retraités produisent aussi. À force de penser que les retraités représentent un coût net pour la collectivité et que tous ceux qui travaillent et produisent des activités non-marchandables imposent également un coût net à la société, on finit par se perdre complètement dans la compréhension de l'économie parce que l'économie, c'est du marchand et du non-marchand. Imaginez que les retraités fassent payer leurs services ou qu'ils arrêtent de les rendre... Imaginez que les hôpitaux et les écoles se mettent à faire payer réellement ce que coûtent les services, vous allez voir combien l'économie marchande va s'appauvrir très vite. Une économie en bonne santé, une économie dans laquelle les retraités sont heureux et rendent des services à leurs petits-enfants, à la famille, à la société, aux associations, c'est aussi une société qui marche mieux, qui produit mieux qu'une société dans laquelle les malades, les retraités, les enfants etc... sont malheureux.

Dernière chose, il est difficile d'opposer les générations parce que tout le monde a vocation, en réalité, à devenir un jour ou l'autre retraité. Donc on oppose les gens les uns aux autres mais on les oppose en fait à l'intérieur d'eux-mêmes. C'est une espèce de contradiction totale et tant que l'on n'aura pas un discours cohérent, on n'aura pas de politique cohérente sur ce sujet et cela continuera de provoquer les réactions que l'on voit aujourd'hui.

>> L'intégralité de la chronique est disponible en podcast

 

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