Référendum ou pas référendum. C’est la question qui a animé une grande partie de l’intervention d’Emmanuel Macron sur TF1 le mardi 13 mai 2025. Pour cause, “Une consultation multiple” sur “de grandes réformes économiques, éducatives, sociales ou institutionnelles”
"À chaque fois qu’on sera trop lent ou bloqué par la situation politique, on peut aller au référendum et je prendrai mes responsabilités" déclare Emmanuel Macron. Si cette annonce semble répondre à une volonté de redonner la parole aux citoyens, elle s’inscrit dans une histoire politique complexe. Depuis 1958, le référendum a souvent été utilisé comme un outil stratégique dans la Ve République, oscillant entre légitimation et risques politiques. Depuis 1958, dix référendums nationaux ont été organisés, souvent sur des questions majeures :
- 1958 : Adoption de la Constitution de la Ve République.
- 1962 : Passage à l’élection présidentielle au suffrage universel direct.
- 1969 : Réforme du Sénat et régionalisation. Le rejet par les Français entraîne la démission de Charles de Gaulle.
- 1992 : Ratification du traité de Maastricht, qui fonde l’Union européenne.
- 2005 : Rejet du traité établissant une Constitution pour l’Europe.
Un enjeu démocratique dans une époque de défiance
L’annonce d’Emmanuel Macron intervient alors que la France est marquée par une défiance historique envers ses institutions. Selon une étude récente, près de deux Français sur trois estiment que leur voix n’est pas entendue dans le système actuel. Le référendum, perçu comme un outil de démocratie directe, pourrait apparaître comme une réponse adaptée. Mais dans une société polarisée, où les fractures sociales et territoriales se creusent, son succès dépendra de la capacité du gouvernement à l’utiliser comme un levier de dialogue et non comme un instrument de division.
Le précédent de la réforme des retraites
La question du référendum avait déjà été posée lors de la réforme controversée des retraites, adoptée par l’article 49.3 sans vote au Parlement. L’opposition, soutenue par une partie de la population, avait réclamé une consultation nationale, soulignant le besoin de légitimer des réformes impopulaires. Emmanuel Macron avait alors écarté cette option, arguant du risque de « simplification outrancière » sur des sujets complexes. Ce refus a cependant laissé des traces, renforçant le sentiment de confiscation du débat démocratique. Avec cette nouvelle initiative, Emmanuel Macron semble vouloir tourner la page de cette crise institutionnelle. Mais le chemin est étroit : s’il échoue, il pourrait perdre le peu de crédit politique qui lui reste. À l’inverse, une réussite pourrait lui permettre de marquer la fin de son mandat sous le signe du dialogue démocratique.
🎙️ Quelles impressions a faites le Président de la République hier soir ? @AlexDarmon répond : "C'est la première fois qu'on a vu Emmanuel Macron en difficulté. Hier, il est venu pour ne rien annoncer." pic.twitter.com/Iy3iXJi8fK
— Sud Radio (@SudRadio) May 14, 2025
Pour Emmanuel Macron, le référendum est une arme à double tranchant : une occasion de rétablir le lien avec les citoyens, mais aussi un risque de voir son mandat fragilisé par un rejet massif. Reste à savoir si les Français, après des années de tensions, saisiront cette opportunité comme une nouvelle voie démocratique ou comme un simple prolongement des divisions actuelles.