Toujours pas d'annonce du nouveau gouvernement. Une semaine après la démission de Gérard Collomb, c'est toujours le Premier ministre Édouard Philippe qui assure l'intérim au ministère de l'Intérieur. Pour Laurence Sailliet, porte-parole et membre du bureau politique des Républicains, invitée politique du Grand Matin Sud Radio, c'est un terrible aveu de faiblesse de la part de l'exécutif et, principalement, du président de la République, Emmanuel Macron.
On se retrouve avec un nouveau monde où les ministres ne veulent plus être ministres et partent
"Ce qu'on voit, c'est qu'Emmanuel Macron a totalement perdu pied, et pas seulement depuis quelques jours, mais depuis plusieurs semaines, a lancé Laurence Sailliet. Il ne joue plus en attaque, mais en défense. Ce remaniement, il le subit. On se retrouve avec un nouveau monde où les ministres ne veulent plus être ministre, partent, et les politiques ne veulent plus être ministres d'Emmanuel Macron. Mais ça se comprend, notamment pour le ministère de l'Intérieur. Qui va vouloir assumer la politique laxiste d'Emmanuel Macron, son aveuglement par rapport à la radicalisation ? Compte tenu de l'échec de cette première année de quinquennat, personne ne veut y aller."
"Dans le nouveau monde d'Emmanuel #Macron, les ministres ne veulent plus être ministres. Mais qui va vouloir assumer sa politique laxiste en terme de #sécurité? Son aveuglement en terme de radicalisation ?" @lsailliet invitée de #SudRadioMatin ➡ https://t.co/jpTFZ6a5uW pic.twitter.com/Y6rk755LQI
— Sud Radio (@SudRadio) 10 octobre 2018
Pour Laurence Sailliet, c'est notamment le fait que le président de la République décide de tout qui affaiblit la position de ministre : "Quand le ministre de l’Écologie est parti, plutôt que de dire qu’il y avait peut-être un problème dans la politique, on a dit que le pauvre garçon n'était pas assez solide, que c'était trop dur. Quand le ministre de l’intérieur est parti, on a dit que c’était un choix personnel, pour récupérer sa mairie de Lyon. Certes, c'était la vérité, mais il a dit deux choses en étant parti. Que dans les quartiers, c'est la loi du plus fort, des voyous, de l'islamisme radical. Qu'a fait Emmanuel Macron de cette remarque ?"
Être ministre de l'Intérieur, ce n'est pas seulement visiter des commissariats. Dire qu'on peut être Premier ministre et ministre de l'Intérieur, c'est minimiser le rôle de l'un ou de l'autre
"Une semaine sans ministre de l’Intérieur ! s'est indignée Laurence Sailliet. Pour le moment, c'est le Premier ministre qui fait office de ministre de l'Intérieur. Ça voudrait dire qu’on peut être Premier ministre et ministre de l’Intérieur ? Être ministre de l'Intérieur, ce n’est pas seulement visiter des commissariats. C’est un poste très important où on est sollicité heure par heure, sur des sujets essentiels. Dire qu'on peut faire les deux, c’est minimiser le rôle de l’un ou de l’autre."
Interrogée sur l'action du gouvernement contre les violences faites aux femmes, Laurence Sailliet s'est dite "très déçue" par le bilan de l'exécutif sur la question et aimerait que Marlène Schiappa "[fasse] le bilan de sa première année" : "On n'est pas capable aujourd'hui de protéger les femmes. La situation est grave, c'est intolérable. Dans le budget, c'est 200 millions, alors qu'on donne 1 milliard d'euros chaque année pour l'aide médicale d'État et on ne trouve pas l'argent pour aider les femmes... Il faut que Marlène Schiappa dise qu'elle est déçue par les moyens qui lui sont donnés. Ce matin encore, elle disait que ce n'est pas à l'État de tout faire. Mais quand on est ministre et qu'on a tant brandi son positionnement pour la défense des femmes, il me semble que le constat est très lourd pour elle. On ne lui donne pas les moyens de faire, qu'elle le dise !"