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Laetitia Avia - "Les messages révélés par Mediapart sont tronqués et sortis de leur contexte"

Par Augustin Moriaux

L'enquête de Mediapart révèle toute l'ironie du moment : la députée LREM de Paris dont la proposition de loi contre la "cyberhaine" doit être votée cet après-midi par l'Assemblée, aurait tenu des propos racistes et homophobes via des messages privés. Dans le Grand Matin Sud Radio, celle-ci revient sur ces allégations et tient à rassurer les détracteurs de la Loi Avia au sujet de la liberté d'expression.

La Loi Avia visant à lutter contre la cyberhaine doit être votée aujourd'hui dans un contexte pesant. (Photo Bertrand Guay / AFP)

Hier, Mediapart révélait des messages de la députée à l'encontre de ses collaborateurs et pouvant être qualifiés de "racistes" et "homophobes". "On a voté l'amendement des PD" ou encore "ça sent le chinois", parmi d'autres allégations.

Alors que la loi Avia visant à lutter contre la cyberhaine doit être votée aujourd'hui à l'Assemblée Nationale, ces révélations tombent mal, c'est le moins qu'on puisse dire. La principale intéressée se défend sur Sud Radio et promet d'attaquer Mediapart en justice.

 

"Ce sont des accusations mensongères, incohérentes, des messages privés qui sont totalement déconnectés de leur contexte, manipulés à des fins d'affaiblir le texte que je présente cet après-midi. Je dépose plainte, je crois énormément en l'Etat de droit et nous nous en expliquerons devant le juge. Aujourd'hui, on a des allégations de Mediapart dont on ne sait pas de qui il s'agit, et en quelles circonstances. Ce qui compte c'est qu'on va voter cet après-midi un texte qui va changer beaucoup de choses, un texte qui dérange."

 

Quelle place pour la liberté d'expression dans la Loi Avia ?

"J'ai entendu toutes les revendications légitimes autour de cette ligne de crête entre liberté d'expression et contenus haineux. C'est pourquoi la proposition de loi ne vise que les contenus manifestement haineux, c'est-à-dire tous ceux qui ont déjà fait l'objet d'une appréciation par le juge. J'ai prévu aussi dans la dernière lecture un certain nombre de mécanismes qui permettent un peu de souplesse et d'appréciation. Autrement dit, la plateforme doit retirer les contenus manifestement illicites mais si elle ne le fait pas parce qu'elle les a considérés comme pas parfaitement licites, le délit ne s'applique pas. Est prévue aussi une action en référé devant le juge pour les cas sensibles ou si quelqu'un considère qu'on a pu porter atteinte à sa liberté d'expression. Autant de garde-fous qui ont été posés en réponse à des préoccupations légitimes. C'est pourquoi le texte a été travaillé pour être le plus en phase avec ces préoccupations."

N'est-ce pas donner plus de pouvoir de modération aux GAFA ?

"La liberté d'expression est aujourd'hui déjà en question lorsque quelqu'un s'empêche d'exprimer une idée sur les réseaux sociaux de peur de se prendre une déferlante de haine et un cyber-harcèlement. les plate-formes ont déjà un pouvoir de retrait des contenus depuis la loi de 2004 et utilisent pleinement ce pouvoir. Est-ce qu'on laisse les choses perdurer ainsi ou est-ce qu'on crée une responsabilisation des plate-formes ? C'est aussi une question de souveraineté : est-ce qu'on laisse les conditions générales d'utilisation primer sur le droit ? Ma réponse est non".

 

Par ailleurs, la députée de Paris maintiendra sa proposition de loi cet après-midi malgré le contexte peu amène. Pour le reste, que veut vraiment dire "plus de responsabilisation des plate-formes" ? Facebook et Twitter auront-ils les pleins pouvoirs ? Le débat parlementaire promet d'être passionné.

 

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